On pense forcément au film de Clouzot devant Radio Corbeau, un petit polar malade qui ne parvient pas vraiment à exploiter le potentiel de son intrigue. L’ensemble se suit avec plaisir parce que voir Arditi se débattre et Brasseur jouer le bougon qui n’aime personne, ça fait sourire, mais bien rapidement, même eux s’essoufflent jusqu’à s’éteindre complètement dans un final surréaliste difficile à avaler.
C’est dommage, cette histoire de petit vicieux qui révèle des secrets à heure fixe sur les ondes occasionne des séquences plutôt marrantes : voir des épouses insulter leurs maris quand elles apprennent que ces derniers ont batifolé comme des bêtes alors qu’ils étaient censés œuvrer pour le bien commun de leur communauté fait sourire. Mais ce petit jeu finit par tourner à vide, l’enquête pour identifier le petit malin n’est pas très inspirée et manque cruellement d’idée dans sa mise en scène.
Radio Corbeau est à réserver aux amateurs d’Yves Boisset : on y retrouve la fougue de son cinéma, celle qu’il parvient parfois à contrôler mais qui le dépasse lorsqu’il ne relève pas assez tôt le crayon très gras qui écrit ses coups de gueule. Ici, il le laisse un peu trop sur le papier, résultat au bout d’une demi-heure, on suit le film à distance, d’autant plus qu’on devine assez rapidement où le bougre veut nous emmener. Dommage.