Rafiki, by Wanuri Kahiu
Il est étrange de constater que peu de choses ont changées depuis 1984.
Lassée, pourtant des films redondants sur l'homosexualité, et qui se produisent comme des petits pains ces dernières années, Rafiki se distingue. Rafiki est un film sur l'Amour.
Une histoire universelle. C'est au Kenya que notre héroïne Kana a grandit. Élève brillante, sa vie est rythmée par le magasin de son père, candidat au élections locales, sa bande de potes, et son ambition de devenir infirmière. Et puis un jour c'est le coup de foudre... pour Ziki, fille du rival de son père aux élections.
La mise en scène, moderne, entraînante, hachée, est d'une douceurs et d'une retenue exceptionnelle. Dans un pays pseudo totalitaire, ou les femmes n'ont que peut d'espace, le film ne sombre jamais dans la violence et le voyeurisme que l'on craint. Les couleurs sont chaudes, rose, rouge, or, et la lumière apaisante. Les personnages sont filmés aux plus proche, et l'intimité règne. Nous sommes au cœur de leurs regards, de leurs échanges, de leurs émois naissant. Le reste du monde n'existe plus. Au Kenya ou ailleurs, ça n'a aucune espèce d'importance.
Les rideaux de perles, les dreade, sont de faibles remparts contre le reste du monde.
Pourtant, les voisins, les colporteurs, sont partout. les HLM ont des centaines de paires d'yeux, les hélicoptères survolent la ville, le pasteur en remet une couche. Nul havre de paix n'existe, excepté cette vieille voiture.
Et pourtant malgré la dangerosité de la situation, les émotions et les réactions ne sont jamais aussi intenses que l'on redoute. Les hommes un peu violents, les familles choquées mais....serait-ce si différent ailleurs??
Seule note " Africaine" l’exorcisation du démon...
Cette brillante mise en scène est renforcée par des musiques aux sonorités africaines mais, d'une modernités, qui fait perdre la encore, les repères patio-temporaux du film.
Une histoire d'amour très simple, très bien jouée, un drame shakespearien. On ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec, par exemple, Roméo et Juliette, les familles qui se haïssent, l' amour impossible et improbable, le poids de la société... Les personnages caricaturaux rajoutent de la théâtralité: le Gay, Le colporteur, le père, la mère, l'ami...
La réussite et la sagesse de ce film, c'est de nous conter de manière subtile et douce, une histoire simple et intemporelle, sans condamner la société Kenyanne pour autant.