Tin tin tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin
Rage est (heureusement) un film court, mais quand même, il est trop long.
Le réalisateur/scénariste/motard/cuisinier/balayeur veut nous montrer qu'il mérite ses multiples casquettes. En fait, il veut surtout nous montrer qu'il mérite celle de réalisateur. Et on va dire que c'est encore celle qui lui va le mieux : l'image est plutôt belle, les plans pas mauvais, même si les effets sont parfois (presque à chaque fois, en fait) foireux. Christopher Witherspoon filme très bien de manière académique, c'est déjà un bon début, tout le monde ne peut pas prétendre à ça. Les scènes d'action sont quand même un peu brouillonnes mais disons que le budget les excuse.
A part ça, Witherspoon aurait pu déléguer à peu près toutes les autres tâches (je n'ai pas vérifié pour la direction du casting, mais vu la qualité, je parierais sur l'homme-orchestre avec trois doigts en moins). Le scénario n'est pas catastrophique, mais pas super excitant non plus : un homme, une voiture, un motard, une moto, un jeu de chat et de souris. Ok, moi ça me fait pas rêver, mais je laisse sa chance au film, un bon scénariste peut en faire quelque chose. Il se trouve que de bon scénariste, il n'y a pas sur ce projet. C'est mal écrit, les scènes sont beaucoup (BEAUCOUP) trop longues, les flash-backs en noir et blanc façon émotion font vraiment pitié dans le genre cheveu sur la soupe refroidie (ou comment gagner 5 minutes de métrage qui ne servent strictement A RIEN), les acteurs sont tous plus mauvais les uns que les autres. Au début, je croyais que la maîtresse du héros jouait tellement mal qu'elle faisait le héros mal jouer dans sa scène avec elle. Ben en fait, il s'avère que l'expression "avoir le charisme d'une épluchure de patate" n'a jamais eu autant de sens que pour Rick Crawford dans Rage.
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Cet homme a le don de n'afficher aucune expression pendant les 5 minutes où sa femme se fait violer sous ses yeux (allez, il affiche une lueur d'ennui, pendant l'espace de quelques secondes - et comment lui en vouloir ?). Il mérite un Oscar.
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Le motard (Chris Witherspoon, donc, si vous avez bien suivi) bat même le record de mal jouer pendant 1h25 de film au cours desquelles il restera caché sous un casque de motard. Allez, un Oscar pour Chris, c'est ma tournée ! Le bon côté, c'est qu'il y a peu de personnages, donc on limite les dégâts : on n'a que 5 mauvais acteurs (le pote du héros a dû prendre quelques cours de théâtre, on a donc un ratio de 5 contre 1).
Les dialogues ne sont pas tant mal écrits que mal récités, la faute à une direction d'acteur inexistante (ça doit pas être évident de filmer, diriger des acteurs, et suer sous une combinaison de motard, petit budget oblige). Du coup, pas une seule seconde on croit à l'action. Les scènes d'émotion (celles avec la musique émotive) sont juste complètement hors de propos parce qu'on n'a pas fait connaissance avec les personnages (avec une once de leur personnalité, je veux dire, vu qu'ils ne sont capables d'afficher aucune émotion tangible et/ou crédible). Les scènes d'action sont peu nombreuses, mais ô combien anticipées (ce sont celles avec la musique épique, enfin, les scènes avec la musique épique où il se passe autre chose qu'un personnage arrêté à un feu rouge qui attend que le feu passe au vert). A propos de l'ambiance sonore, les 20 premières minutes du film nous distillent 10 bonnes minutes de musique à suspense, comme dans le meilleur film de maison hantée, le genre de sons qui provoquent de bons jump scares lorsqu'ils sont associés à une action. Le problème, c'est que je jump scare rarement en matant un mec boire son café Starbucks. Du coup on attend, on se dit que ça monte en tension, et qu'il va se passer un truc épique !
Un mec grille un feu rouge.
E-PIQUE.
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La fin veut "donner du sens" à l'histoire. J'espérais bien avoir droit à un minime retournement, histoire de pas avoir souffert 1h30 de ma vie pour rien. Waouh, le twist de FOLIE, la morale de dingo, oh la la j'ai bien fait de rester jusqu'au bout !!!
Et aussi, qui est assez con pour garder un bocal d'acide en verre (un bocal d'acide en verre !) en haut d'une étagère instable ? Un mec avec un charisme d'épluchure de patate, ouais ouais.
Je dois vraiment m'attarder sur le passage convenu du méchant invulnérable, qui ne vacille même pas après s'être pris au bas mot 80 coups de couteau dans le dos ? Pitié, ne me sortez pas l'argument "clin d'œil aux grands classiques, c'est un film qui parlera aux vrais, tavu". Ce métrage se prend au sérieux pendant les 84 autres minutes, pourquoi soudainement il se ferait pousser un second degré ?
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Une grosse perte de temps, une grosse déception, et une envie de gifler Chris JeFaisToutToutSeul Witherspoon très fort dans le visage.
PS à monsieur Witherspoon : C'est grossier, putassier, facile, et tout sauf subtile de mentionner le film qui t'a inspiré via un dialogue entre deux personnages qui ne servent à rien, en insistant bien fort à deux reprises sur leur conversation complètement inutile. Si t'as un clin d'œil à faire à ton public, tu peux te contenter de faire un BON film hommage, personne ne t'en voudra.
Bisou.