Deux ans après Frissons, le scénariste & cinéaste canadien David Cronenberg (Chromosome 3, Maps to the Stars) revient en 1977 dans une deuxième production montréalaise sous contrat avec Cinépix Film Properties au petit budget de 550 000 dollars. Un thriller d’horreur distribuer par New World Pictures, interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles totalisant 7 millions de dollars au box-office. Dans cette production du Québec, un autre débutant, compositeur de la musique du film et producteur exécutif, le cinéaste Ivan Reitman (Cannibal Girls, Le Pari).
Rose, est victime d'un grave accident de moto à proximité d'une clinique dont le grand patron est spécialisé dans la chirurgie esthétique. En danger de mort, elle est donc opérée dans cette clinique et son accident, donne au chirurgien l'occasion d'expérimenter un nouveau type de greffe...
Rage met en vedette la légende du cinéma pornographique américain, la chaude Reine du Porno chic de l'époque, Marilyn Chambers (Derrière la porte verte, Ils divorcèrent et eurent beaucoup d'enfants) qui se fait momentanément transfuge du X au B. Le réalisateur poursuit son exploration du sexe-maladie entre érotisme et mort, en proposant une lointaine variation au thème du vampirisme avec l'histoire de cette femme souffrante qui se mue peu à peu suite à une opération chirurgicale ratée en un véritable monstre inconscient, une prédatrice qui se nourrit du sang de ceux qu'elle croise et en contaminant toutes ses victimes d'une Rage Zombie, par son monstrueux organe, un dard caché sous son aisselle, une sorte de petit phallus piquant sortant de son orifice dans des séquences à la fois sexuelles et malsaines.
Au casting épidémique & apocalyptique, Frank Moore, Joe Silver, Howard Rysphan, Patricia Gage (Danger public, American Psycho) et Susan Roman (Métal hurlant, Barbie Princesse de l'île merveilleuse).
Vous avez chaud vous ! Réchauffez-moi !
Deux jeunes gens, Laure et Alex, traversent la campagne canadienne à moto. Soudain, un camping-car surgit au milieu de la route. En voulant l'éviter, Alex est projeté en plein champ, tandis que Laure reste coincée sous le deux-roues en feu. Alerté, le Dr Dan Keloid, directeur d'une clinique de chirurgie esthétique, intervient illico. Pour sauver Laure, grièvement blessée, il l'opère d'urgence et teste sur elle une greffe de peau révolutionnaire: tous les tissus prélevés sont traités pour devenir morphologiquement neutres avant d'être utilisés. Un mois passe. Laure est toujours plongée dans le coma et Alex se ronge les sangs. Or une nuit, la jeune femme ouvre les yeux en hurlant, puis se jette sur Lloyd, l'un des patients de Keloid. Peu après, celui-ci doit examiner l'étrange plaie hémorragique que Lloyd, devenu amnésique, porte sur le flanc...
Il faut que je mange, il faut que je mange !
Bon je n'aurai pas l'audace de dire que la belle hardeuse Marilyn Chambers porte ce gore chirurgical sur ses frêles épaules mais elle y contribue grandement toute en fragilité et en charme dans son tee-shirt mouillé en répandant charnellement sa contagieuse rage d’apocalypse urbaine. Une obsession du corps étranger parasite exploité plusieurs fois dans la première partie de la carrière internationale de Cronenberg, qui grâce à Frissons & Rage se fait un nom dans le cinéma de genre des seventies. Le propos de Rage est tout d'abord de nous effrayer en nous projetant des visions sanglantes, très viscérales et ce malheureusement au détriment d'un suspense bien mince. Si mince que nous devinons bien à l'avance le sort des personnages mais l'angoisse est elle grandissante, elle ne naît pas du fait de savoir si quelqu'un va périr, mais la façon dont il va être contaminé par Chambers et finir sa vie en vilain rageur ! Cronenberg appuie sur l'impact des scènes finales allant jusqu'au générique de fin, conférant ainsi à son œuvre un souffle morbide très impressionnant.
Ça va Jack, un de plus !