En 1976, alors aussi âgé que le Christ en fin de carrière, le réalisateur canadien accouchait trop prématurément de "Rabid" ("Rage"), l'un de ses tout premiers longs métrages. Une oeuvre de jeunesse qui reflète un cruel manque de maturité pour mener à bien un projet aussi ambitieux qu'alléchant.
Son film flirtant avec l'amateurisme est désuet et quasi dépourvu de charme, en partie à cause d'une direction non-maitrisée d'acteurs en roue libre.
Parmis les plus acceptables, Howard Rysphan campe l'expérimental chirurgien plastique, un saisissant sosie d'Alban Ceray ! Il est donc guère étonnant qu'à ses côtés, l'héroïne de "Rabid" soit Marylin Chambers, une ex-star du cinéma olé-olé dont Cronenberg s'est permis de déplacer "l'anus" au creux d'une de ses aisselles.
Victime d'une sortie de route en motocyclette, la belle blonde est sauvée in extremis de la mort grâce au génie du toubib qui expérimente sur son corps mutilé une greffe de la peau révolutionnaire. Cependant elle développe, en sus de son nouvel orifice, un symptôme semblable à la rage. Prise de violentes et incontrôlables fringales de sang humain, elle contamine aussitôt ses proies déployant ainsi une pandémie galopante et chaotique. Sans aucun doute, une partie de ce pitch est précurseur de films tels que "Rec", "Dawn Of The Dead" et autre "28 Days Later" qui auront su habilement exploiter une trame similaire.
Les scènes des quartiers en quarantaine et de l'état de siège manquent de profondeur (et certainement de moyens). Cronenberg, encore vert sur sa branche, délivre une violence trop édulcorée lors des scènes d'attaque de Chambers mais ce coquin fait preuve de beaucoup moins de retenue pour exploiter les atouts charnels de la belle.
A sa décharge, il est peut-être un peu tard de découvrir "Rabid" 37 ans après sa naissance mais on décèle déjà de ce brouillon les thèmes récurrents qui façonneront l'Oeuvre du Maitre (la mutation, la science expérimentale, l'érotisme...).