Lettre ouverte
Papy, J'aurais tant aimé voir ce film en ta compagnie. Voir De Niro, exposant son art, évoluer dans le monde de la boxe, ce monde d'hommes misogynes au possible où la virilité est de mise. Observer...
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le 25 mai 2013
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Robert De Niro rapporte un scénario à Scorsese dans l'espoir qu'il le réalise. Celui-ci n'aime pas l'univers de la boxe et est longtemps réticent. Jusqu'au jour où, poussé également par les producteurs, il accepte.
Ici la proposition diffère largement de celle popularisée avec le succès du premier Rocky. Le rêve américain semble obsolète, le parcours vers celui-ci est plus complexe dû aux origines des personnages et à leur milieu social. La noirceur qui est dépeinte dans le métrage entoure les personnages, elle est omniprésente et hante le récit agissant comme une épée de Damoclès, déjà via le noir et blanc mais surtout par le personnage principal.
De Niro est effrayant, habité, massif, sans limites. Il expose un homme habité par la rage, jaloux maladif devenant totalement parano. En face de lui, un frère, un alter ego, Joe Pesci qui entre enfin dans le ring de Scorsese. L’alchimie entre les deux acteurs marche parfaitement. Joe Pesci représente déjà Scorsese à l'écran, de par son physique, sa nervosité mais aussi cette capacité à avoir du recul sur les situations.
Un film violent qui porte des coups à la morale, celle-ci est toujours ambigu chez Scorsese. Pour accentuer ce sentiment, il intègre de légers ralentis, sur des regards, des gestes. Il suspend le temps pour favoriser l'interprétation du personnage de Jake LaMotta et du spectateur qui devient témoin de son évolution paranoïaque.
La rage de sa mise en scène est déployée lors des combats sur le ring qui sont d'une beauté visuelle saisissante. Les flashs des appareils photo agissants comme des uppercuts, l'incroyable découpage justifiant les 6 semaines de tournage spécialement pour ces séquences.
Marty déploie cette capacité à s'emparer d'un univers inconnu (ici la boxe) et à l'adapter avec ses valeurs et obsessions (principalement morales), faisant en sorte que tous sujets mènent toujours à l'Homme. Avec ce parcours chaotique, ce "rise, fall and redemption" Marty parle indirectement de lui, de ses rages et ses périodes sombres. De son manque de confiance en lui, de son échec récent avec New York New York ainsi que de sa dépendance à la cocaïne.
De Niro offrit une rédemption à Scorsese avec ce film et 2 oscars en passant.
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Créée
le 4 févr. 2024
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