Lettre ouverte
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le 25 mai 2013
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En 1980, Martin Scorsese n'est plus un inconnu. Il réalise son septième film et trimballe déjà avec lui une flopée de BAFTAs et une Palme d'Or. Depuis Mean Streets, il ne quitte pas d'une semelle son acteur fétiche Robert De Niro qui, auréolé de son rôle puissant dans Taxi Driver, revient pour une performance inoubliable dans la peau de Jake LaMotta, véritable boxeur des années 40/50 qui vit sa gloire chuter au plus bas à cause de son égo surdimensionné et de ses sautes d'humeur dévastatrices. Un premier biopic pour Scorsese donc, qui va pour cela revenir au noir et blanc de ses débuts et livrer un long-métrage incroyablement maîtrisé...
De ses débuts en 1941 jusqu'à sa chute dans les années 60 en passant par les plus grands moments forts de sa vie, Jake LaMotta est ici représenté comme l'anti-héros le plus attachant du cinéma, un salaud, une ordure italienne, un macho impétueux et prétentieux dont la constante paranoïa va le faire divorcer deux fois et perdre tout ce qu'il a de plus précieux. Refusant les avances de la pègre pour gagner du fric dans des matchs truqués tout en se laissant malgré lui aller en prenant petit à petit du poids, LaMotta est une piètre personne, un homme que l'on plaint plus que l'on déteste, un raté qui se croit maître du monde.
Et pour le rôle, Robert De Niro s'est surpassé, allant plus loin qu'aucun acteur n'a osé le faire, gagnant une masse musculaire impressionnante pour mieux la perdre en prenant 30 kilos de graisse. Du jamais vu. Affublé d'un faux-nez fracassé et méconnaissable, il est ici principalement accompagné par l'excellent Joe Pesci (alors méconnu) et de la magnifique Cathy Moriarty qui vont être les seuls soutiens que LaMotta puisse jamais avoir. Photographie éclatante signée Michael Chapman, musique enivrante et mélancolique de Pietro Mascagni orchestrée par Robbie Robertson, scénario écrit par Paul Shrader...
Le film possède une ribambelle de talents monstres derrière la caméra qui permet un rendu tout simplement éblouissant, le tout étant bien sûr dirigé par un Scorsese inspiré qui nous propose un nombre incalculable de plans iconiques, de ralentis hypnotiques, de gros plans étourdissants. Filmant aussi bien les séquences dramatiques avec un réalisme poignant que les scènes de boxe au plus près des coups (de manière bien plus réaliste que les deux premiers Rocky, sortis peu de temps auparavant et déjà bien virulents), le réalisateur new-yorkais est au sommet de son art, diabolisant un De Niro habité qui, lui, dévore l'écran de par sa prestance inimitable. Au final, s'éloignant complètement de ses précédents styles tout en en conservant les bases et la manière, Martin Scorsese parvient à nous amouracher d'un boxeur talentueux doublé d'un homme minable comme seul lui sait le faire.
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Créée
le 2 avr. 2019
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