Dans les premières minutes de ce film, on se dit que l'on est tombé sur le plus niais des contes Disney. Entre l'humour à deux balles de Flynn Rider et la joie pétillante de Raiponce à l'idée de relire vingt-cinq fois ces trois bouquins, trois-cent soixante-cinq jours par an, il y a de quoi avec quelques sueurs froides (surtout lorsque l'on n'a plus cinq ans). Mais, si l'on prolonge plus loin le visionnage, c'est là que la magie du studio aux grandes oreilles opère.
On découvre bientôt des personnages plus profonds qu'ils en ont l'air, qui cachent sous une apparence bravache (pour l'un) et un bonheur naïf (pour l'autre), des blessures, des doutes et un vide affectif/émotionnel/existentiel à combler. Ce vide, qui pousse le premier à se lier à des types peu dignes de confiance pour réaliser les vols les plus audacieux du royaume. Et cet autre vide qui attire la seconde vers l'extérieur de sa tour "d'ivoire" pour admirer ces lumières lointaines.
On comprend aussi bientôt que le plus maladroit des deux n'est pas celui que l'on croit, que sous ces interminables mèches blondes, se cache un cerveau en parfait état de marche et que les plus méchants ne sont pas forcément ceux qui ont le tour de biceps le plus imposant. De même, on réalise qu'un ennemi peut devenir un allié précieux et qu'une poêle à frire peut faire plus de dégâts qu'une épée.
Je ne dis pas que les personnages n'ont pas le manichéisme caractéristique des productions pour enfants (loin de là), mais Raiponce joue un peu plus sur les nuances de gris que d'autres films estampillés Disney. Flynn a beau être le héros, il n'en reste pas moins un voleur qui défie l'autorité, qui est recherché et qui double ses complices sans sourciller. Mère Gothel retient Raiponce prisonnière et lui inflige des remarques pas piquées des hannetons en loucedé, mais elle nourrit sa captive en lui préparant même ce qu'elle aime, lui apporte de quoi s'occuper (peinture, couture, fabrication de bougies...) et de quoi se vêtir (là où elle aurait très bien pu l'enchaîner dans une cave, avec juste du pain et de l'eau).
Mais Raiponce va au-delà de ses personnages ni tout blanc, ni tout noir. Raiponce, c'est aussi une prouesse technique d'un point de vue de l'animation. Les expressions du visage des protagonistes sont tout simplement fabuleuses. Les mouvements des cheveux de l'héroïne (et les idées déployées quant à leur utilisation) sont géniaux. On garde cependant cet aspect "chewing-gum" de la peau humaine et même du pelage de Maximus, ainsi que les déplacements "en plaque" des cheveux courts ; mais dans une production destinée à un jeune public, j'estime que plus de détails n'est pas une nécessité.
Et puis, il y a la musique. Magnifique B.O. Pas la meilleure des réalisations Disney, mais certaines chansons tirent suffisamment leur épingle du jeu pour que le CD fasse partie de ma BO-thèque (ce qui constitue un argument majeur, vous en conviendrez). Entre celle de la fête au village qui me donne irrémédiablement envie de danser et celle de la scène des lumières qui me file des frissons à chaque visionnage (en même temps, toute la scène mérite le coup d'œil), il y a de quoi ravir quelques esgourdes.
Reste le générique de fin au charme traditionnel dont le dessin me rappelle furieusement un livre pour enfant dont le titre m'échappe encore (si quelqu'un a une idée, qu'il n'hésite pas à me faire signe).