J'ai failli passer à côté de Raiponce... et pour plein de bonnes raisons à priori :
- Parce que depuis la princesse et la grenouille et le retour de la 2D, l'image de synthèse made in Disney ne m'intéresse pas : il y a Pixar pour ça.
- parce que le coté « trop bien, cool et fun » des bandes-annonces et des pubs me paraissait trop poussé pour être honnête.
- parce que la 3D, ça me tue les yeux. A chaque fois.
Sauf que... sauf que dans ma province profonde, il n'y avait pas masse de choix sur les films à l'affiche, que si je voulais de la VO, fallait viser du côté des films français et j'en avais pas envie ce soir là.
Donc que par élimination, il restait la blondasse et ses 20 mètres de cheveux.
Youpiiii !
Et en fait, c'était une très bonne chose puisque « surprise ! » : très vite la sauce à prise.
D'abord, j'étais quand même ravie de voir Disney revenir à des classiques de la littérature pour enfant.
Raiponce est un des contes qui m'a le plus marquée dans mon enfance (avec la princesse au petit pois) et les grands Disney, les grandes princesses sont bien pétries dans les contes classiques : Blanche-Neige et les 7 nains, Cendrillon, la Belle au Bois Dormant, la petite Sirène ou encore la Belle et la Bête.
Donc première étape, si personne ne vous à jamais raconté le conte de Raiponce, je vous propose, grâce au site Biblioboom, de corriger ça très vite (ça dure 9 minutes).
Revenons à nos moutons :
J'ai été positivement surprise dès le début du film : j'ai pu me rendre compte que l'humour n'est pas trop lourd-dingue, (pas d'humour scato, trop facile, à base de rots et de pets) et se fond à merveille dans l'ambiance générale du film.
Par contre côté BO, ça pique une peu...
J'étais super contente de retrouver les chansons, grande marque de fabrique de Disney, et les mélodies d'Alan Menken sont toujours aussi efficaces : rien ne pourra me faire démordre de l'idée que cet homme est un génie.
Et si, contrairement à ce que j'ai entendu autour de moi, le nombre de chansons ne m'a pas posé problème, c'est plus le contenu des paroles qui m'a un peu défrisée.
Alors OUI, j'ai un gros problème avec les paroles de la version française que j'ai trouvé un peu trop « rappeuses » (genre la langue d'un chat, pas genre IAM) : la rime est facile mais les paroles ne restent pas pour autant facilement dans la tête. Et j'avoue que mon péché mignon, c'est de sortir d'un Disney en chantonnant un des airs fraichement découverts. Là je ne me souviens même pas des paroles de la chanson magique et ça me frustre. (Les mauvaises langues diront que c'est l'âge mais je préfère les ignorer).
Bon là, je mets une balise « spoiler » parce que vais un peu m'enflammer pendant deux heures sur les paroles, la qualité Disney et tout le toutim. Si toi, lecteur, les chansons tu t'en fous, passe ton chemin et ne déplie pas les lignes ci-dessous (p'tit joueur !).
(...)
D'ailleurs, en y repensant, il n'y a pas que les paroles des chansons qui m'ont faite penser à La petite Sirène, Raiponce n'est pas sans rappeler Ariel.
Elles partagent cette curiosité pour l'extérieur, un entêtement certain, une vraie détermination et cette candeur, cette spontanéité très rafraichissante.
Elles sont des princesses de leur âge, quand entre 16 et 20 ans on ne doute pas que le monde nous attend, et qu'il sera facile de n'en faire qu'une bouchée !
C'est cette fraicheur, cette naïveté qui fait que j'adore Raiponce, loin des clichés de princesse en détresse, pleine de fraicheur, de ténacité et de témérité.
Parce que Raiponce a tout de la parfaite femme au foyer : ménage, tricot et collage, elle maîtrise, mais comme elle de dit elle-même, elle n'a pas l'impression d'être « dans la vraie vie ». Que la vie commence dehors, là on l'on « est ».
Qu'on ne vienne pas me dire que Raiponce est à l'image du cliché misogyne de la princesse après ça...
Physiquement comme tous les personnages du film, elle a un coté « poupée » renforcé par la taille disproportionnée de ses yeux et la texture de la peau, un peu lisse, uniforme.
Ma plus grosse trouille résidait dans le personnage de Flynn, que je pensais être comme une pâle copie, limite une caricature d'Aladdin.
Et bien, en fait non ; bien qu'ils appartiennent tous les deux à la famille des « monte-en-l'air » et fassent preuve d'un certain égoïsme, ils ont en commun d'être des cœurs purs, « des diamants d'innocence » et ce au sens premier du terme.
Ils ont l'innocence de la jeunesse, poursuivant des rêves futiles qui leur permettraient de guérir de leurs blessures d'enfance.
Iconographie facile mais qui fait mouche à chaque fois.
Et comme dans tout bon Disney, les personnages secondaires sont magnifiques. Maxiumus est drôle et intrigant dès la première seconde et le travail d'animation fait sur Pascal, le caméléon muet est juste bluffant. Il est une véritable palette vivante d'émotions et ses expressions en disent autant que de longues tirades.
La méchante, Goetle, est vraiment angoissante et est d'autant plus flippante qu'elle n'est pas l'incarnation du mal absolu.
Capable de générosité et de confiance, ce côté affreusement humain, la rend d'autant plus dérangeante. Elle m'a plusieurs fois mise mal à l'aise, tant son comportement de mère abusive est magnifiquement retranscrit.
Elle est perfide et intelligente, et surtout terriblement manipulatrice, dissimulée sous les oripeaux de la mère aimante et rassurante...
D'ailleurs, elle me rappelle une autre méchante Disney, trouble et manipulatrice, dans un autre genre
Son ultime trahison est grandiose, un vrai uppercut émotionnel, j'ai vraiment été surprise par cette scène, d'autant plus qu'il s'agit d'une production Disney.
Bon maintenant, je spoile, alors si tu n'as pas encore vu Raiponce, passe ton chemin et file au ciné !
Spoiler (...)
Esthétiquement, j'ai aussi apprécié la scène de la danse traditionnelle par son rythme et ses différents plans. Je me souviens d'ailleurs avoir plusieurs fois pensé pendant la projection « Disney apprend le cinéma aux plus jeunes », parce qu'au-delà du rythme effréné de cette aventure, il y a un vrai travail de mise en scène et de réalisation qui devrait plaire aux plus cinéphiles d'entre vous.
Et surtout, surtout, à chaque fois que je me suis posée la question « Euh... comment c'est possible ça ? » le scénario m'a apporté une réponse.
Je ne suis pas sortie frustrée ou pleine de questions.
Et puis,
Spoiler Ultime (...)
Pour finir, un petit mot sur ce qui me gonflait le plus à priori : la 3D en relief.
Pour une fois, il y a là un certain intérêt puisque l'effet offre une magnifique profondeur aux décors : la découverte de la tour par Fynn est une vraie claque !
Mais bon, je me serais bien passé des 3 € de surcout et puis j'y peux rien moi, si je n'arrive pas à me défaire de l'idée qu'un VRAI Disney, il est fait à la main, dessiné sur des boites à lumière... En 2D quoi.
Surtout quand il est estampillé « cinquantième classique d'animation Disney ».
Et en écoutant la B.O, je soupire en rêvassant à quel chef d'œuvre Raiponce aurait pur être s'il avait été dessiné.
Alors évidement, Raiponce est un Disney, plein de clichés, suivant toujours le même fil conducteur, mais c'est un très bon Disney, tel qu'on en a pas vu depuis longtemps, avec des personnages secondaires attachants et flamboyants, des méchants esthétiquement superbes (j'adore les jumeaux, de vrai bad guys à la James Bond) et des héros sympathiques et naturels.