On m'avait un peu vendu le premier Rambo comme un film social sur la guerre du Vietnam et je ne doute pas que c'est l'image qu'il ait fini par gagner en regard de ses suites ; mais malgré une tentative effectivement un peu maladroite de tenir un propos critique sur le traitement des vétérans, First Blood reste avant tout un excellent film d'action.
Ce qui frappe, c'est en tout premier lieu l'impact de la traque. Dix ans avant Die Hard, le héros est déjà seul contre tous, en terrain inconnu, à ressentir chaque coup, à galérer à chaque étape ; et ce, avec beaucoup de réalisme. Dans très peu de films d'action, on appuiera autant la scène où le héros livré à lui-même doit récupérer les matériaux de base qui lui serviront tout au long du film à se tailler un équipement de fortune. Dans très peu de films d'action, on ne le verra souffrir autant d'une chute de plusieurs mètres dans les arbres, coudre ses points de suture avec autant d'insistance, ou réellement paniquer face à de "simples" rats. First Blood est, avant tout, un film de survie ; et un film de survie dans le plus beau des cadres, la Colombie Britannique, qui permet de doter l'action d'une envergure vraiment signifiante.
Mais c'est aussi un film d'action qui sait parfaitement faire varier son rythme et ses séquences. Il y a de tout dans Rambo, une confrontation avec un hélicoptère (appuyons sur ce plan où Rambo, caché derrière un arbre, est harcelé par l'hélicoptère ; car il fera date, tant le cadre est utilisé judicieusement pour enfermer le héros), une poursuite en moto-cross, une phase de survie sous-terraine, l'annihilation en un temps record de toute une équipe, à la fois très divertissante et fondatrice du personnage, mais toujours dans la retenue, sans morts, sans explosion, sans mare de sang qui prend la moitié de l'écran... Le film sait garder sa mesure, faire varier le rythme de ses phases d'action à la fois dans leur enchaînement mais en leur sein même, en imposant une rythmique quasi-musicale - le montage parallèle entre Rambo en train de ramper dans une caverne et la discussion entre le shériff et le colonel peut sembler impromptu mais il permet justement cette respiration.
La seule chose qui m'ennuie finalement, c'est le jeu beaucoup trop solennel du colonel, qui finit de ridiculiser le propos déjà un peu affaibli par ces flash-back beaucoup trop appuyés. Quand le film essaie de raconter quelque chose par ses dialogues ou par des artifices trop peu subtils, c'est là qu'il se rate ; alors que les silences de Stallone étaient déjà si éloquents. Malgré cela, le film a juste 10 ans d'avance.