Au Vietnam, sa mission était d’éradiquer l’ennemi. Adapté du roman First Blood de David Morrell, réalisé par Ted Kotcheff, Rambo nous conte l’histoire d’un héros de la guerre du Vietnam errant sans but de retour au pays, se faisant arrêter pour vagabondage avant de s’enfuir et se faire traquer dans la forêt. Sylvester Stallone range ses gants de Rocky Balboa et se glisse dans le treillis de John Rambo…
En forêt, un arbre, c’est un ami, un gland, c’est une munition et un hérisson : c’est une brosse à dents !
Souvenez-vous le jour où vous avez vu pour la première fois Stallone dans Rambo ? Souvenez-vous l’avoir encouragé et soutenu dans Rocky. Là, c’est une toute nouvelle facette de Stallone qui apparait. Avec John Rambo, c’est un nouveau héros proche de nous qu’il incarne. Une chose importante avec ce film : Tous les films d’action modernes viennent de Rambo. Une des références du cinéma d’action. Souvent moqué et caricaturé (on ne compte plus le nombre de parodies), souvent copié, jamais égalé. Quoique, seul le film Commando réussira à l’égaler voir faire un poil mieux en terme d’action.
Rambo : premier super soldat déclarant la guerre à son propre pays. On a déjà vu des renégats, des anti-héros mais jamais au niveau de ce personnage. De retour à la civilisation, notre protagoniste, Rambo, traumatisé par la guerre se heurte avec incompréhension aux mépris des américains. Lui qui avait risqué sa propre vie pour son pays, se retrouve confronté à des hommes le traitant de vagabond. Humilié, maltraité en se faisant embarquer de force au commissariat, notre personnage craque complètement. Tout comme ses hommes ayant servi leur pays en tant que soldat, Rambo se retrouve confronté lorsqu’il rentre chez lui à des sortes de flashs de cadavres vus pendant la guerre, à des insomnies, des cauchemars, devenant parfois paranoïaque en entendant le moindre bruit. En sommes, le soldat revit en boucle la guerre.
Dans ce premier Rambo, nous assistons à la difficulté pour un soldat de retourner à une vie normale. Imprégné des images d’horreurs de tortures qu’il a vu et vécut, notre film, loin d’être un simple film d’action classique tire vers le drame psychologique. Il nous avait sidéré en interprétant Rocky Balboa, voila qu’il récidive dans Rambo. Sylvester Stallone est littéralement « imprégné » de son personnage. Ces expressions, cette perte de repères, l’incompréhension, la fragilité émotionnelle et physique, toute cette souffrance se lit sur son visage. Il ne sait pas quoi faire de sa vie, il est complètement paumé, victime des circonstances, souffrant de dépression nerveuse. On est du coté de Rambo, on ne veut pas le voir mourir, on veut le voir réussir sa vie, s’en sortir. Il a besoin d’amour et de câlins notre Rambo !
Cependant, ce personnage est sombre, l’un des plus sombres de la carrière de Stallone. A tout moment, Rambo peut changer de visage, passant de l’homme sage à l’homme fou de rage, implacable quand il se met en colère. Dans l’histoire originale, Rambo tuait au moins 18 personnes. Dans notre film, Rambo ne tue pas, il mutile à la rigueur, met hors de combat, fait flipper ses assaillants, mais ne tue pas. Face à Stallone : Brian Dennehy, interprétant un shérif péquenaud et teigneux. Vous allez adorer le détester.
« En ville, tu fais la loi. Ici, c’est moi. Alors fais pas chier. Fais
pas chier ou je te ferai une guerre comme t’en as jamais vue. »
De proie à chasseur
Dans Rambo, le cadre où se situe l’intrigue est splendide. On ne pouvait pas rêver mieux. Devenu fugitif, Rambo se cache dans cette sorte de forêt humide ressemblant à une forêt tropicale. D’ailleurs, pendant le tournage du film, il a plu chaque jour. Résultat, il caille, le pauvre Rambo, il fait pitié, nu jusqu’à la taille avec pour seul vêtement cette toile crado qu’il met sur le dos. Points de sutures, doigts cassés, fractures, côtes cassées et rate abimée « lors de la scène où il saute dans un arbre », le froid, des allers et retours aux urgences, Stallone, 75% non doublé par un cascadeur, en aura bavé pendant le tournage.
Comment ne pas mentionner bande originale signée Jerry Goldsmith ? Comment oublier le thème musical ? Cette musique ajoute une belle émotion à notre film et surtout à notre personnage, adoucit. Oui, notre héros, à l’image, donne la sensation d’être un homme dur, mais en ajoutant la bande son de Goldsmith, Rambo devient merveilleusement touchant.
Non pas que les suites de Rambo seront mauvaises, elles seront différentes, moins crédibles que le premier opus. Dans ce premier opus, notre héros ne fera rien d’impossible pour un humain lambda. Le spectateur peut se dire en voyant les scènes d’action que si on le mettait à l’épreuve, il pourrait faire pareil, à condition d’avoir un minimum d’entrainement et de s’y connaitre un peu en survie. Dans Rambo 2, 3 et John Rambo, le personnage ne sera plus autant humain que dans Rambo 1, se présentant plus comme une sorte de machine à tuer. Mais soyez au moins rassuré amis fans d’action, de castagnes, d’explosions et de punchlines, ces 3 autres Rambo vous offriront suffisamment d’adrénaline pour gagner votre cœur.
« Pour accomplir une mission ou atteindre un but, il faut bruler des ponts, puiser profond en soi des choses qui peuvent déplaire à autrui, rompre le protocole. Pour remplir une mission, parfois, il faut se mettre des gens à dos », voila le message qu’il faut retenir de ce film. C’est pas moi qui le dis, c’est Sylvester Stallone lui-même.
Au final, on dira ce qu’on voudra, Rambo, c’est plus qu’un simple film d’action classique avec un héros tout de muscles vêtus. Premier volet d’une saga culte, icône phénomène de la culture populaire, chef d’œuvre absolu du film d’action des eighties, à la fois touchant, palpitant et fun, scènes d’action, mise en scène et cascades de dingue, Stallone charismatique, un intelligent film de survie bien plus complexe qu’il n’y parait, nous montrant les ravages psychologiques de la guerre.