Tu veux l'avoir ta péripaticienne de guerre ?

Rambo, un film décérébré où Stallone s’érige en défenseur des valeurs traditionnelles de l’Amérique et dégomme des étrangers par paquet de douze, en soldat sans émotion et sans failles, c’est ça ? Et bien, pour être franc, je le pensais aussi la première fois que je l’ai vu il y a des années, mais la réponse est non. C’est ce que bien trop de monde pense mais le film n’a pas été vu comme ça, et ce n’est pas ce résultat qu’on a à l’écran.


Le film se passe quelques années après la fin de la guerre du Viet-Nâm, John Rambo vit pratiquement en ermite, il se balade à travers les USA à la recherche de ses anciens compagnons d’arme mais à chaque fois apprend leur destin tragique. C’est le thème du film : Le retour des vétérans du Viet-Nâm au pays, et le mauvais traitement que leur a réservé l’Amérique. Le but n’est pas ici de flinguer de l'asiatique, du cosaque ou de l'arabe. Prenez le thème musical du film, il résume bien le décalage entre la perception de beaucoup de monde et la réalité :


Vous connaissez sans doute le thème guerrier du film Predator. Si à l'instar de ce film on avait donné à Rambo une musique aussi guerrière, peut-être que le personnage de Rambo serait apparu plus ambivalent, plus dur à cerner. Ici, les compositions du fameux Jerry Goldsmith, ne veulent laisser planer aucun doute. Franchement écoutez ce thème principal. Déjà, pas de démarrage la fleur au fusil, malgré des relents militaires au début, c’est une balade qui démarre. Après 45 secondes cela devient même une balade déchirante, avant certes de devenir un peu plus offensif, mais c'est un symbole de la révolte de Rambo. Le fait est que globalement on a plus le genre de compositions qu’on pourrait avoir dans Apocalypse Now une fois arrivé au camp du colonel Kurtz que dans Aliens, le retour…


Rambo arrive dans un petit patelin bien propre où son aspect de clodo rebute le shérif qui veut le voir dégager de sa ville et l’en expulse tout à fait arbitrairement. Rambo s'y refuse. Au poste, Rambo est passé à tabac de manière tout aussi arbitraire par les hommes du shérif, car Rambo a une tête qui ne leur revient pas. Seul un petit jeune joué par David Caruso a quelques scrupules, ne vous demandez plus comment il a grimpé les échelons de la police de Miami.


Quoi qu’il en soit, victime d’une injustice que Jean Valjean lui-même qualifierai de pire que la sienne, Rambo se rebiffe et s’enfuit. Il est bientôt pourchassé par toutes les forces de police de la région, car dans la poursuite, un vieux compagnon du shérif a trouvé la mort, accidentellement. Et ce sera la seule mort du film. Parfaitement, une mort accidentelle dans le film, ou du moins due à la propre connerie du flic. Vous voyez qu'on est loin du bain de sang. Le reste du film sera donc consacré à la traque de Rambo dans les forêts environnant la petite ville, par un énorme dispositif. Mais en effet, le sel de son personnage vient aussi du fait qu’il prouve à tous être resté un soldat d’élite assez redoutable à plusieurs reprises. Cet affrontement dans la forêt digne de Metal Gear Solid sera suivi de sa revanche, explosive.


L’intervention de son ancien colonel à l’armée n’y changera rien. Le rôle de ce dernier est tenu par Richard Crenna qui fait du très bon boulot… mais ce rôle de mentor, aujourd'hui vieux compagnon, qui sera également présent dans les suites, au départ devait être joué par Kirk Douglas. Dommage que ce ne se soit pas fait, car quand on voit Les sentiers de la gloire, on image d'autant plus volontiers Kirk Douglas dans ce rôle de colonel expérimenté, c'est dommage de ne pas avoir eu un monument comme lui au casting (d'autant qu'après Nimitz en 1980, ce dernier n'a guère fait de film marquant...).


Mais revenons-en à Rambo. Entre un personnage qui reste toujours très humain, au sens noble du terme, et l’aveuglement du shérif concernant son comportement et celui de ses hommes avec lui au poste, le traumatisme de John, sa dépression devant l’impossibilité qu’il a à tourner la page car il sent que son propre pays l’a abandonné et bien avant ce jour, tout ça contribue à le rendre très humain, très attachant. Il le hurlera à tous au cours d’un speech final déchirant. Sly ne joue pas très bien cette scène, objectivement, mais ce projet lui tenait à cœur, et on sent qu'à défaut de livrer un jeu brillant, la démarche est très honnête, il essaie vraiment. En bref, ce film a un véritable message et est bien plus intelligent et sensible que l’image qu’il semble avoir laissé à des gens qui ne l’ont pas forcément vu. Ses suites en revanche sont minables. Ce premier film en tout cas, laissez-lui sa chance, c'est loin d'être un mauvais film, ni même un plaisir coupable, c'est un vrai bon film.

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le 8 mai 2015

Critique lue 390 fois

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The Reg

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