Qu'est-ce qui a pris à Dieu de faire un type comme Rambo ?

Rambo First Blood n'est pas une œuvre cinématographique ordinaire, c'est une putain de tuerie qui nous fait prendre plein la gueule, avec un des scénarios les plus éminents du monde du cinéma, celui de la mauvaise réintégration d'un soldat de la guerre Viêt Nam dans son propre pays. On sait à quel point la guerre du Viêt Nam peut être traumatisant pour les valeureux soldats risquant leur vie en contribuant à ce conflit avec hargne et férocité, il suffit de se rappeler des grands films comme Apolcapsyse Now ou Voyage au bout de l'enfer pour se remémorer d'un nombre effarants d'images dures et émotionnellement choquantes pour s'en rendre compte. La guerre transforme à tout jamais les hommes en machines de guerre, et John Rambo en le parfait exemple. Ce dernier est simplement un homme sage et paisible en lui-même, menant sa vie comme il l'entend.

Dès le début du film, on ne sait rien de lui, on le voit marcher sur des routes comme n'importe qui le ferait. Ce qui ne fait clairement pas la meilleure des introductions d'un film mais son allure mécanique, son regard perdu et son visage inexpressif ont de quoi attiser notre curiosité. Jusqu'à l'intervention d'un policier sot et inconscient de son geste, John Rambo est représenté comme un homme qui ne ferait pas de mal à une mouche. Mais juste après, juste à un point où les policiers dépassent la limite de la patience de Rambo, ce dernier se transforme progressivement en une grosse et infernale machine de guerre. C'est à partir de ce moment précis que la production devient une puissance incontestablement et visuellement inoubliable à souhait. La guerre est déclarée, entre John Rambo et les forces de l'ordre. On peut croire que le nombre de policiers pourrait faire renoncer John Rambo à ne pas s'en prendre à eux mais ce dernier n'agit pas comme un homme banal.

Ce dernier était une arme endormie. Une fois cette arme réveillée, elle ne reculera devant rien et ne se laissera pas impressionner. Ce n'est pas la police qui va lui faire goûter des atrocités pires que celles que John Rambo a sans doute déjà encaissées pendant la guerre du Viêt Nam. Manipulant des grosses mitrailleuses aisément, préparant avec minutie ses pièges, attaquant les policiers à couteau comme un chat attendant qu'une souris soit suffisamment proche pour la surprendre sans qu'elle puisse décamper, affrontant des dangers au péril de sa vie, John Rambo est un protagoniste prodigieusement interprété avec sobriété par un Sylvester Stallone veiné et gueulard. C'est dans ce film que je l'ai découvert et je peux dire qu'il est bien plus qu'excellent, Sylvester Stallone ne joue pas John Rambo, il l'était déjà avant de faire le film. C'est comme s'il jouait un rôle dont on n'attendait plus que lui pour réaliser le long-métrage.

Et le reste du casting campe leurs personnages de couillons de policiers avec justesse et sérieux, avec Richard Crenna tenant très bien son rôle d'ancien mentor de Rambo. Avec ce long-métrage surprenant pendant une bonne majorité partie de sa durée, le réalisateur Ted Kotcheff peint un univers quasi similaire à celui d'une guerre sans que ce soit une guerre comme en a déjà vu. Il cadre ses plans là où il fait pour générer un suspense insoutenable et nous agrippant avec solidité. L'atmosphère de la guerre est merveilleusement bien traduite par des images et des décors campagnards aux couleurs sombres et saisissants, dont notamment ceux de la forêt pouvant très bien nous faire penser qu'on est plongé en plein cœur de la guerre du Viêt Nam.

Sans omettre les scènes d'action techniquement très militaires et d'une efficacité redoutable, surtout à la fin quand Sylvester balance la purée avec son gros calibre le rendant presque indestructible dans la communauté. Et avec un rythme ne laissant pratiquement aucun temps de répit, c'est purement de l'action qui n'en finit plus, voire même qu'elle donne l'impression que cela ne se finira jamais. C'est tout ce que je retiens de ce monument chef-d'oeuvre où le cinéaste a fait preuve d'un savoir qui l'honore et d'une qualité de montage sans bavure, en dessinant un héros qui n'est pas du tout considéré comme un héros, un soldat programmé pour tuer sans connaître la pitié, dont la jungle est son allié et ses armes, ses copines. 10/10

Je ne viens pas sauver Rambo de la police, je viens sauver la police de Rambo