Changement d'ambiance. Rambo III est plus expéditif, plus violent mais aussi plus carré que son prédécesseur. Il ne se donne plus de justifications improbables même s'il tache d'insuffler quelques instants de sensiblerie virils et fugaces. Comme Rambo II, il est dans l'action pure et dure, avec un ennemi communiste conventionnel, en opposition au premier Rambo. Mais Rambo II tentait d'imiter les tensions introspectives exprimées par ce premier opus, alignant des séquences chancelantes et insipides à cet usage. Rambo III cherche davantage à maintenir un mouvement net et y parvient, même s'il n'a pas grand chose à exprimer ; s'il tourne à vide, au moins, il tourne et avec force.
Le sérieux extrême est toujours au rendez-vous, soutenu par des scènes d'action plus lisibles et des dialogues aux registres variés. Le changement de cadre est bénéfique, l'exotisme forestier s'épuisant déjà dans le second opus, alors que le désert afghan offre de larges possibilités, rapprochant parfois de décors très 'BD' (Indiana Jones ou Tintin) sans souscrire aux ambiances assimilées. On entre dans un 'ailleurs', directement et entièrement sur la zone de combats, où le sol américain n'existe plus (sauf dans le plan d'ouverture avec l'ambassade en Thaïlande). La lourdeur bizarre du 2 est évacuée, donnant un programme équilibré (en opposition aussi au 1, au découpage trop schématique).
C'est encore un divertissement avec sa morale, souvent déformée par les détracteurs mais aussi plus largement par un public avide de caricaturer – comme s'il en était besoin avec des produits fabriqués pour être grossiers et donnant la marchandise promise par ailleurs. Il y a certes une centaine de morts mais sauf bolcho à l'horizon, John Rambo n'est aucunement un patriote malveillant et sans âme dégommant des étrangers inférieurs (ou cramant des viet-namiens au napalm). Au contraire on a à faire à un gentil film pro-afghan (après tout on pourrait les montrer comme une main-d'oeuvre décérébrée) où les bourrins ouvrent leur cœur et parlent d'honneur. Ici les afghans forment une communauté de soldats valeureux et héroïques, défonçant les ennemis de la Liberté.
Au contraire de ces saints badass (le folklore aperçu est superficiel, comme les échanges), on retrouve les soviétiques : la mort de leur empire est proche mais il est encore temps pour ces cocos de se manger leur Viet-nam. Produit reaganien à fond, mais du reaganisme mielleux où l'axe du Bien inclus une race de warrior positifs, un John Rambo acceptant sa destinée de machine de guerre (habile court-circuitage -rachat?- du propos du 1) et même un colonel descendant sur le terrain, profitant de la fourberie soviétique pour rappeler ses aptitudes et son mérite (au contraire des autres militaires ou bureaucrates). Aujourd'hui le démon est mort et les alliés vertueux l'ont remplacé, par conséquent même les gauchistes pourront apprécier sans culpabilité la coolitude de Rambo III, sauf naturellement les moralistes avec trois wagons de retard.
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