Il me semblait pourtant acquis que John Rambo, 4ème volet de la saga éponyme, était un épilogue sans ambigüité. Pas du même calibre que le tout premier, mais nettement supérieur à ses deux suites nanardesques. Digne donc.
Mais non, le revoilà pour un deuxième point final. Cette fois-ci, pas de guerre à livrer au Vietnam, en Afghanistan, en Birmanie ou à domicile. L'intrigue du film se concentre sur le conflit entre Rambo et un cartel mexicain qui a fait l'erreur d'enlever sa protégée. Voilà.
C'est donc sur un postulat aussi rachitique que Sylvester Stallone (également au poste de co-scénariste) entend dire adieu à l'un de ses personnages cultes. L'appréhension était de mise. Et justifiée puisque le script ne va pas arranger les choses. Si John Rambo faisait parfois joliment écho à First Blood, ce Last Blood retrouve le sillon des numéros 2 & 3.
Ne soyez donc pas surpris de retrouver l'image d'un Mexique sans loi, avec des méchants criminels partout, mais aucun policier visible (je ne plaisante pas, vous n'en verrez pas du tout). Un pays où on se fait kidnapper dès son premier séjour. Et pour le retour, prévoyez fleurs et cercueil.
Bref, une vision tout droit sortie des inepties discursives de l'actuel président américain. Alors certes, c'est drôle quand on le voit. Beaucoup moins quand on y pense. Parti sur des bases aussi gênantes, Last Blood ne fait que vaciller pendant 90 minutes.
À la réalisation, Adrian Grunberg ne délivre qu'une réalisation franchement faiblarde (à l'instar de son précédent, le très médiocre Kill the Gringo). Le rendu évoque surtout la série Z, et les dialogues sont insipides. Que faire alors ? Accepter le fait que Rambo a fini sa carrière dans un ranch en Arizona en 2008. Ça aide à accepter ce Last Blood pour ce qu'il est : un nanar pur jus, bas du front et régressif au possible.
Les 25 dernières minutes sont à ce titre parfaitement jouissives, Grunberg et Stallone plongeant tête baissée dans l'action et le gore. Si c'est ce que vous attendiez, vous serez servis (bien qu'il ait fallu attendre une heure de vide pour en arriver là). Rambo, c'est un expert de la viande qui saigne.
Décapitation, démembrements ou arrachage de guiboles, c'est du festin guerrier comme seul le bonhomme peut en offrir. Régalez-vous bien.
Et faute de mieux, on va se dire que Stallone a juste eu envie de se payer un dernier délire en hémoglobine avant de ranger les armes pour de bon. C'est tout de même embarassant de se dire que si l'acteur a su donner à Rocky une sortie royale, son homologue guerrier n'aura eu droit - comme baroud d'honneur - qu'à une célébration de sa propre caricature.