Il serait exagéré de dire que je suis un grand fan de la saga "Rambo", mais je les ai tous vus (pour mon malheur) et j'ai particulièrement apprécié le premier volet, sous-titré "First blood". Les autres sont... dispensables.
Après avoir lu certaines critiques qui expliquaient que ce "dernier sang" retrouvait l'esprit du "premier sang", je me suis décidé à aller le voir. Déception...
Autant le premier film était inattendu à l'époque, audacieux, avec plusieurs niveaux de lecture, avec une critique de la société américaine d'alors, de l'autoritarisme, des abus policiers, avec une vision des conséquences humaines de la guerre du Vietnam, avec une dénonciation du traumatisme psychologique infligé aux vétérans... autant là, c'est plat, convenu, attendu.
Alors effectivement, on retrouve un John Rambo vieilli, usé, retiré du monde, qui n'aspire qu'à une retraite paisible avec ses chevaux... mais qui se prépare depuis des années à un combat hypothétique, en construisant une multitude de tunnels sous sa propriété et en dormant dans une sorte de cave où il a rassemblé ses armes et ses souvenirs.
Et en gros, il ne se passe rien pendant près d'une heure, jusqu'à ce que Rambo passe au Mexique pour essayer d'aller sauver sa jeune protégée (je schématise), sauf qu'il se jette dans la gueule du loup et se fait rosser au point de se faire laisser pour mort.
Première incohérence : on a affaire à un ancien militaire d'élite, censé être toujours prêt à tout, toujours armé, expert du combat corps à corps... Mais il débarque dans une ville inconnue, s'en va chasser du trafiquant latino avec très peu d'infos, se fait repérer comme un bleu et remarque d'ailleurs bien qu'il s'est fait repérer... mais continue ! Il se laisse encercler, se retrouve à un contre 30, mais essaie de se battre à mains nues contre des dizaines d'hommes armés... qui lui démontent la gueule, mais le laissent quand même en vie et ne le tuent pas de suite, alors que sa vie ne vaut rien à leurs yeux.
Bon, OK...
Bref, il se retape, repart chez lui et prépare sa vengeance.
Il revient, arrive à retrouver la fille (violée, violentée, droguée, mais en vie), la sauve (sans grande difficulté cette fois, alors que les Mexicains savent qu'il a disparu et peut revenir), la ramène... mais pas de chance, elle meurt pendant le trajet en voiture. Pourquoi ? On ne sait pas. Elle n'est pas gravement blessée, pas d'hémorragie, elle ne meurt pas de faim ni de soif, elle a survécu depuis des semaines en étant tabassée, torturée, camée jusqu'aux yeux. Pas de cause apparente de décès rapide. Mais il faut qu'elle meure pour que Rambo ait bien la rage, donc couic !
Rambo revient chez lui, séquence émotion, puis re-préparation de vengeance.
Et là, c'est la dernière demi-heure du film, c'est festival !
Il s'occupe "à l'ancienne" du premier des deux méchants frères chefs du gang des salauds patentés, puis attire le second sur son terrain. Les méchants débarquent à près de 40, Rambo est tout seul, mais il a bien préparé son affaire, on a eu droit aux détails, avec pas mal de clins d'oeil au premier film.
Et Rambo devient Superman. Pendant 20 minutes, il est partout, sait exactement où se trouvent ses ennemis, court dans tous les coins pour toujours les surprendre par derrière, mais sans jamais se faire prendre, sans jamais tomber nez à nez au détour d'un tunnel avec un truand inattendu.
Il arrive à refroidir plus de 35 combattants armés, en les faisant tomber dans différents pièges plus ou moins "gore", où ils se font généralement empaler par divers moyens, mais Rambo rajoute quand même toujours une petite rafale dans le buffet, au cas où...
Et bien évidemment, il garde soigneusement le meilleur pour la fin, il parvient à isoler le chef des vilains méchants, le boss final, qu'il arrive à crucifier et à éviscérer à la main, alors qu'il s'est quand même pris deux balles de 5,56 mm dans le corps.
Normal...
C'est là mon principal reproche au film.
Pendant les premières 80 minutes, "Last Blood" nous montre un Rambo au bout du rouleau, faillible, humain, presque comme tout le monde.
Mais dans les 20 dernières minutes, il (re)devient un super-héros, limite invulnérable et omniscient.
Résultat, pas de mise en danger, on n'a pas peur pour lui une seconde, on sait qu'il va tous les avoir. Y a de l'action, mais pas d'enjeu. Comme dans quasiment tous les films américains modernes.