No compromise
Comment dire... Je vais essayer de faire simple. Il y a les films d'horreur, qui sont des mises en images de nos fantasmes gores. Les films d'amour pour nos fantasmes romantiques. Les films d'action...
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le 17 avr. 2012
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Le cinéma est à la fois un art et une industrie, une économie, même. Certains prétendent que c'était mieux avant, d'autres trouvent qu'il n'existe plus que pour le pognon, et que la créativité n'existe plus. Il est parfois vrai que le recyclage est utilisé de manière trop récurrente, mais le sujet n'est pas là. Comme dans tout art, il existe un homme qui, de par son travail, dégoûte autant qu'il répugne. Et cet homme ci, c'est Uwe Boll, réalisateur allemand qui, par l'intermédiaire du génial gâchis qu'est "House of the Dead", pensait s'introduire dans le cinéma américain. Essai raté.
Puis vinrent d'autres daubes, "Alone in the Dark" et autres "Bloodrayne", qui plongèrent sa carrière dans le néant le plus absolu, qui rendrait jaloux le noirâtre espace profond et angoissant de "Gravity". Et après ces innommables fours, il y a eu comme un revirement dans sa vie : le mec s'est dit : "Puisque personne ne peut m'encadrer, je vais tous leur chier à la gueule." Importante révélation que voici, cet atroce metteur en scène complètement dénué de talent a dès lors commencé à faire à peu près tout ce qu'il voulait.
Et la pire des choses, dans tout cela, vous savez ce que sait? C'était le commencement du rehaussement du niveau de ses films! Oui, au visionnage d'un Uwe Boll, on ne risquait plus de mourir d'asphyxie du vomit que l'on n'était pas parvenu à expulser! Dès lors, plus personne ne pouvait crier à l'étron filmique, à la catastrophe cinématographique et autres insultes que j'oublie. Il fallait à présent se concentrer sur le fond de ses long-métrages, et les traiter avec toute l'attention qu'ils méritaient.
Sans atteindre l'apogée d'un Scorcese ou d'un Carpenter, il avait fait son trou dans le 7e art, sans que beaucoup de spectateurs ne le connaissent, seulement ceux qui se concentraient également sur l'autre partie du cinéma, les sorties direct to vidéo. Et "Rampage" est peut être le métrage qui confirme le plus le revirement de carrière de ce réalisateur de pacotille.
Jamais je n'aurai pu penser ne pas haïr un Uwe Boll avant celui ci. Bon, je ne dis pas qu'il est bon, car aux vues de ma note finale, vous avez déja pu constater qu'il ne m'a pas particulièrement plut. Sauf qu'il est loin d'être catastrophique. Si je ne l'apprécie guère, ce n'est pas parce que rien n'y est bon, c'est principalement pour une question de goûts, contrairement à "House of the Dead" et "Alone in the Dark", preuve que celui ci s'approche de très près du cinéma, du vrai, celui artistique et non fait par soucis de rente.
Bon, ce n'est bien sur pas pour sa mise en scène que j'ai retenu ce "Rampage", tant elle est mauvaise et bâclée. Là, c'est sur que le mec n'a rien changé pas. Il nous sert encore et toujours la même daube, éternel mélange de found footage et d'effets sortis de l’imagination d'un mec peu commun, pour ne pas dire complètement étrange. Les zooms sont par contre ignobles, et tellement nombreux que même en étant optimiste, on ne peut passer outre et ne pas les retenir. A part lorsqu'on s'appelle Tarantino ( quoi qu'on en dise, ce mec est un monstre ), on évite ce genre d'astuces dégueulasses, parce que lui, contrairement à Boll, il a du talent!
La caméra bouge et tremble assez pour vous en filer la migraine, et les multiples images visiblement sans rapport avec l'action se déroulant à l'écran viendront bouleverser la logique et la tension du film. Mais si vous êtes assez patient pour attendre et passer outre cela, vous ne pourrez qu'être surpris par le message du tout. Parce que oui, Uwe Boll sait également faire du cinéma qui n'est pas que superficiel, qui possède un message derrière, suffisamment profond et approfondi pour avoir un minimum d'impact sur le spectateur.
Bon, le scénario ne casse pas non plus trois pattes à un canard, mais il est plutôt bon. Rares sont les films assez fous pour libérer un psychopathe dans la rue, dans l'unique but qu'il fasse un massacre et nous fasse gicler à l'image violence et malsainités gratuites. Encore moins courants sont ceux d'entre eux qui nous propose une fin aussi peu moralisatrice et à tel point immorale. Suivre ce mec péter autant les plombs sera à la fois horrible et fun, un peu comme si le gars nous montrait les conséquences de se faire un petit GTA dans la vraie vie.
C'est à la fois dérangeant et étrange. Certains penseront ce film comme un véritable défouloir, d'autres comme une oeuvre perturbante et sans moralité aucune. Le pétage de câble de notre héros ( qui n'en est pas un ) est plutôt bien pensé et bien amené, et parait très crédible et réaliste. "Rampage", c'est un peu ce qui se serait passé si Uwe Boll s'était fait son propre "Fight Club", avec l'action et le gore en plus.
Il n'est pas mauvais mais n'est pas bon non plus, et c'est pourquoi je lui mettrai tout juste la moyenne. Mais je vous le conseille tout de même parce que c'est un Uwe Boll qui n'est pas catastrophique. Ainsi, vous pourrez assister à sa vision des choses et comprendre toute l'étrangeté de son art, car maintenant, son cinéma, c'en est bel et bien devenu un.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Une vie de cinéphile et Les meilleurs (pires) films d'Uwe Boll
Créée
le 22 juin 2015
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le 17 avr. 2012
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Ce fut... une excellente surprise que ce film ! OK, j'ai été un peu gênée par les répétitions nombreuses et un peu trop abusives ; OK, le début, m'a d'abord saoulée, surtout dès que le copain ouvrait...
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le 4 août 2011
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Pendant 30 minutes j'étais genre "merde, c'est bien". Uwe Boll allait me surprendre et faire un vrai bon film, plutôt intelligent et bien foutu. Un discours sur la société américaine assez bien...
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