Voilà, je termine mon petit cycle "Ramuntcho" après avoir rédigé un pensum à propos du roman de Loti puis de l'adaptation au cinéma de Schoendorffer en 1959. Aujourd'hui, il sera question du film réalisé en 1938 par René Barbéris.

La qualité de l'image (N&B) et du son n'étaient pas vraiment au rendez-vous. Mais c'était égal, le plaisir était là.

Comme je le disais dans la critique de "Ramuntcho 1959", les deux cinéastes n'ont pas voulu (ou pu ?) terminer sur la note aussi désespérée que le roman où pour reprendre l'expression de Loti, la "vieille parque tranquille", la supérieure du couvent, sait qu'elle "tient" Gracieuse définitivement.

Dans R. 59, le subterfuge utilisé est que Gracieuse n'a, en fait, pas encore prononcé ses vœux (à l'insu de sa mère).

Dans R. 38, c'est la mère supérieure dans un élan de grande pitié qui demande, après le départ de Ramuntcho et l'évanouissement de Gracieuse, aux autorités religieuses de délier ses vœux.

Je dirais que c'est probablement R.38 qui est le plus proche de l'esprit du roman puisqu'il faut attendre les toutes dernières secondes du film pour avoir le happy end.

D'une façon générale, R.38, est beaucoup plus mélodramatique que la version 1959. Ne serait-ce que par la présence de la mère plus proche de Ramuntcho et de la grande scène de son agonie (simplifiée par rapport au roman.

D'un point de vue mise en scène, c'est indéniablement R. 59 qui l'emporte avec ses paysages grandioses même si les rushes correspondent aux hauts plateaux laotiens et non aux Pyrénées. Il y a une caméra beaucoup plus dynamique pour mettre en scène les personnages, par exemple à l'église ou à l'auberge. La version de Barbéris reste beaucoup plus classique

Mais surtout, Ramuntcho 1938 se distingue par le casting de malade ; d'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi nos braves distributeurs ne réhabilitent pas un peu ce film qui en vaut bien d'autres, ne serait-ce que pour le casting …

On y trouve Louis Jouvet dans le rôle d'Itchoua, le chef des contrebandiers, qui a moins peur des gendarmes ou douaniers que des bonnes sœurs (conforme au roman) !

C'est Madeleine Ozeray, belle comédienne de l'entre-deux guerres et, accessoirement égérie de Jouvet, qui joue le rôle de Gracieuse.

Bien sûr, pour l'odieuse mère de Gracieuse, il fallait quelqu'un à la hauteur en termes de méchanceté : Françoise Rosay !

Line Noro interprète le rôle de la mère de Ramuntcho. Elle s'était un peu spécialisée dans les rôles de femme tragique ou de mère-douleur (Pépé le Moko, par exemple).

Parmi les seconds rôles, il y a Jean Temerson dont le nom ne dit jamais rien mais qu'on repère facilement dans les films de cette époque à cause de son embonpoint et de sa faconde joviale. Ici c'est l'aubergiste, commanditaire des contrebandiers et "ami" des douaniers.

Et puis, il y a Gabrielle Fontan que j'adore rencontrer dans un film. Ici c'est Pilar, l'amie intime de la mère de Ramuntcho. Mais elle excelle dans les rôles revêches de maîtresse d'école, de concierge, d'épicière …

Pour conclure, ce film de René Barbéris m'a semblé tout-à-fait honnête. Son remake de 1959 n'apporte finalement pas grand-chose de plus si ce n'est une mise en œuvre plus dynamique.


JeanG55
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le 17 sept. 2024

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