Gore Verbinski joue de nouveau de l'ironie et de son acteur, pour sa première et bien particulière animation et quelle bonne surprise même si le film est peut-être trop long, trop bavard et aux multiples références, pour les plus petits. Les animaux héroïques, leurs caractéristiques, les détails, les regards et les expressions restent les incontournables du genre animé, où le parti pris décalé ne sera pas le seul point fort. L'esthétique du film est une réussite de texture et de teintes pour un hommage au western, avec sa ville poussiéreuse, ses habitants spoliés, son désert de sel aveuglant à souhait, son inévitable coucher de soleil, et même un soupçon de western crépusculaire par le ton mortifère qui s'invite pour un melting-pot créatif étonnant dans le genre.
Un hommage à Johnny Deep avec notre caméléon au verbe facile et à l'égo bien en place, qui le pousseront à accepter d'être shérif...sans en avoir l'étoffe et en filigrane la condition du métier d'acteur pour en révéler mensonges et nécessaire rôle de composition. Encore une fois les petits vont pas forcément adhérer.
L'occasion de références cinématographiques multiples avec dès le départ un gros clin d'œil à Las Vegas parano, Arizona Dream ou au Seigneur des Anneaux qui risquent de les laisser sur le bas-côté. Mais toutes ces trouvailles visuelles emportent définitivement l'adhésion pour un soupçon onirique et surréaliste qui raviront les amateurs. Les plus petits se rattraperont avec un florilège animalier particulièrement bien brossé, des palmiers qui marchent, des montures en tout genre, de situations improbables et de scènes furieuses avec une poursuite effrénée en plein canyon et voltiges assurées sans danger.
Une bande d'affreux tout vilains peu ragoutants, aux traits accentués, loin du monde plus lissé de Disney, et quelques envolées Shakspearienne rajoutent à la réussite.
Alternant l'ambiance guillerette et rythmée, aux aspects plus sombres de la réalité de l'ouest, on retrouve un Clint Eastwood venant motiver notre lézard en pleine déconfiture mentale, hallucinant en Esprit De l'Ouest bien buriné, 7 mercenaires venant au secours du village, et le regard assassin de Lee van Cleef par le personnage du serpent venant semer la terreur, pour l'inévitable duel final.
La musique de Hans Zimmer, s'essayant au style mariachi d'un quatuor de hiboux tirés à quatre épingles, face caméra, nous racontant les péripéties du caméléon assurent l'ambiance festive, les décors et la photographie mettent en valeur avec brio, tous les passages obligés du cow-boy solitaire. Quoi de mieux qu'un caméléon qui évidemment n'a pas de nom, passant d'animal de compagnie à l'opportunité de trouver sa voie, l'amour et la rédemption.
Réflexions sur l'identité, la corruption et la solidarité, et même si le scénario use de péripéties connues, d'effets comiques attendus, de romance obligatoire et de bonne morale, la problématique de l'eau est toujours bonne à rappeler.
On se laisse embarquer par Rango sans rechigner.