Appartenant à la fameuse "catégorie 3" (films HK dont le bon goût manifeste a valu une interdiction aux moins de 18 ans), Raped By An Angel est une production pour le moins dérangeante, mais pas forcément là ou on l'attendrait. Andrew Lau propose en effet un mélange improbable de genres : "rape and revenge" tordu et comédie asiat' sans finesse. Quand le viol se mèle au lol, ça donne Raped by an Angel.
Plus concrètement, le film se compose en premier lieu d'un thriller axé sur un sadique redoutablement malin dont la perversion et l'obsession pour ses victimes désignées vont aller crescendo,avec les scènes de coït forcé qui vont avec. A cet aspect s'ajoute une bonne dose de scènes humoristiques, mettant notamment en scène un parrain local cultivant la cool-attitude, le dénommé ... Tartelette.
Notre héroïne va se lier avec ce gentil mafieux par le biais de diverses scènes à l'humour sans finesse mais efficace par endroits. Avec l'aide de Tartellette (sic) donc, elle tentera de venger son amie en coinçant notre serial rapist.
Ainsi, plutôt que de démarrer sur la légèreté pour s'enfoncer progressivement dans la noirceur, Raped By An Angel jongle en permanence entre ses deux aspects.
Une question se pose alors : peut on décemment mêler ces deux genres ? Montre ainsi une fille se faire violer, torturer, tuer et découper en pièces puis transiter l'air de rien vers les gaffes de gentils mafieux ? D'autant que le final tire vers le n'importe quoi, en expulsant aux chiottes le peu de décence qu'il restait dans le film d'Andrew Lau.
Si le film est correctement interprété et sait faire suffisamment mouche sur chacun de ses aspects pris séparément, le mélange peut dérouter. On peut légitimement se questionner sur sa morale douteuse ... ou plutôt son absence de morale : inutile de chercher bien loin, on se retrouve surtout dans du cinéma d'exploitation sans prise de tête.
Raped By An Angel pourra soulever l'indignation chez beaucoup, d'avantage par son traitement osé et excessivement léger d'un thème grave (d'autant que le SIDA est aussi de la partie, tant qu'on y est allons y) que par ses scènes de viols et autres actes de cruauté (au final pas si choquants et explicites que ça pour le public habitué à la catégorie III et, plus généralement, à une violence visuelle de plus en plus banalisée).
Un film décomplexé, totalement décomplexé même, et sans doute trop. Malgré tout, j'avoue avoir suivi la trame avec un certain intérêt, avoir souri quelques fois (ce n'est pas du Tarantino dans le script, mais il y a du bon) et m'être intéressé à la manière dont le pervers allait être coincé (la manipulation de la justice par celui-ci, avocat de profession, est bien vue).
Pas si mauvais en somme, mais laissant sur une drôle d'impression. A réserver à un public particulier.