Rapsodie à quatre mains
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Rapsodie à quatre mains

Court-métrage d'animation de Friz Freleng (1946)

Si cela peut sembler inconcevable, la musique classique a pourtant souvent fait partie des court-métrages d'animation qu'ils furent de n'importe quel studio.
Rapsodie à quatre mains n'échappa pas à la chose en mettant en scène la mascotte de la Warner jouant en concert la célèbre Rapsodie Hongroise n°2 de Franz Liszt.


S'il est montré comme un pianiste très doué, Bugs Bunny ne semble pas professionnel pour autant. Il ne joue pas du piano mais AVEC le piano de manière jouissive. Frappant les touches plus qu'en les touchant et pas seulement avec les mains mais aussi avec les pattes. Parfois séparément avec attention, parfois en même temps tout en sautant sur le piano. Sans compter le fait qu'il peut aussi enlever les touches tout en les reposant à l'endroit exact où il les avait soulevé. Ainsi, la musique devient bien plus vive et brutale que celle de la partition originale qui était plus posée, ce qui crée un décalage à se tordre de rire.


Seulement, malgré toutes ses qualités, un problème majeur ne peut guère être ignoré. Durant le concert, Bugs est dérangé par une petite souris non-nommée qui s'était dissimulée dans le piano. Celle-ci veut participer mais Bugs refuse de la laisser se joindre au concert quitte à employer des moyens violents et sadiques


comme par exemple de la dynamite


pour y arriver et la faire dégager de sa prestation. En dehors du fait que le concept d'un lapin contre une souris manque énormément de sens, Bugs est totalement hors de son personnage qui semble être l'antagoniste du cartoon là où la souris apparaît bien plus comme le vrai protagoniste du cartoon victime des pire bassesses du lapin. Bassesses qui semblent bien l'amuser tel un monstre.


Certes, dans ses cartoons habituels, Bugs a toujours été insolent, moqueur et aime humilier ses adversaires de manière jouissive mais on était en empathie avec lui car il agissait ainsi en légitime défense face à des adversaires voulant le manger, le tuer, s'incruster dans son intimité ou encore se moquaient de lui en l'humiliant de manière gratuite.
Il allait même jusqu'à livrer des criminels à la police, sauver des enfants, empêcher des attaques de criminels ou même protéger des populations entière de brutes terrifiantes.


Dans Rapsodie à quatre mains , Bugs est le méchant et la souris l'héroïne vu que le cartoon nous semble mettre en empathie avec elle et en antipathie avec le lapin de la Warner


La preuve ultime étant que, contrairement à ses cartoons habituels où le lapin était toujours victorieux, Bugs finit dépité et humilié par la souris lui volant la vedette en jouant le grand final à la place du lapin en ne lui laissant que les trois dernières notes empêchant ainsi le pianiste peu professionnel d'épater son public; se vengeant ainsi de tout ce que Bugs lui a fait subir tout au long du cartoon. Une vengeance bien méritée.


Si le cartoon est très amusant alternant entre l'anti-héros peu professionnel jouant le piano des façons les plus décalées que cela en devient fascinant et les affrontements entre le lapin et la souris proches du slap-stick subtil de Tom et Jerry, on ne peut s'empêcher de penser que la situation de ce court-métrage aurait été plus appropriés à d'autres personnages de la Warner comme le chat Sylvestre/Grosminet et Speedy Gonzales, la souris la plus rapide de tout le Mexique.


Bref, un bon cartoon avec un bon concept mais avec un protagoniste trop out-of-character pour pouvoir être pleinement apprécié.

BlackBoomerang
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le 28 févr. 2022

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