- Un menteur ne dit jamais qu'il ment.
- C'est terrifiant. Hélas ! Si on ne peut plus croire personne, ce monde est un enfer !
- Oui, ce monde est un enfer.
- Mais j'ai foi en l'homme. Je refuse que ce monde soit un enfer !
- Inutile de crier. Lequel des trois doit-on croire ?
- Je n'y comprends rien. Rien du tout.
- C'est ainsi. Les hommes sont tous illogiques.
Bien que le contexte soit celui du Japon féodal, le propos de Rashōmon est universel et intemporel car il reflète toute la difficulté d'obtenir une vérité judiciaire dans les enquêtes criminelles.
Jusqu'à l'avènement de l'ADN, l'aveu a longtemps été considéré comme la reine des preuves, et le témoignage comme une source probatoire majeure. Les témoins conservent toujours une place essentielle dans toute enquête, même s'ils doivent s'inscrire dans un faisceau d'indices et ne pas devenir la source unique de l'enquêteur.
En effet, ce film illustre la difficulté du traitement et de l'interprétation du témoignage, qu'il soit consenti librement ou sous la contrainte. Le témoignage demeure l'expression d'une femme ou d'un homme, avec ses obsessions, ses faiblesses, ses desseins sous-jacents - bref, son humanité.
La restauration et la ressortie en salles en 2022 permettent de mieux apprécier le noir et blanc, la photographie, le montage, et cet envoûtant Boléro revisité.
Un film remarquable qui devrait être vu et médité par tous les jeunes enquêteurs et magistrats.