Lieu hédoniste & cathartique, entre liberté & insouciance, sorte d’îlot expérimentale & de safe sex.

Dans les années 80, le SIDA bat son plein et décime à tout va. C’est à ce moment-là que Jack Fritscher et Mark Hemry décident de créer leur propre société de films porno gays (et BDSM). Palm Drive Video voit le jour et devient une sorte d’îlot expérimentale et de safe sex alors qu’au même moment, le SIDA devient la bête noire et commence à créer une psychose dans la communauté gay.


Raw! Uncut! Video! (2021) nous entraîne en pleine cœur de ce lieu hédoniste & cathartique, ce ranch où Jack & Mark (mariés à la ville) permirent à des acteurs non professionnels de s’adonner à leurs passions et autres délires, en exploitant les fantasmes sadomasochistes des plus déviants au plus extrêmes, des plus loufoques au plus WTF. Alex Clausen & Ryan A. White nous font découvrir ce que fut à l’époque, Palm Drive Video, de son ascension à sa chute, de l’avènement de la VHS (permettant au business d’exploser) jusqu’à l’arrivée d’internet et pire, du streaming.


Ce ranch peut être vu comme étant un lieu de dépravation (pour les plus coincés d’entre vous) ou comme un lieu d’une grande liberté (pour les autres), permettant ainsi de laisser libre court à une imagination toujours plus débridée. En fuyant San Francisco pour y créer un lieu de safe sex dans un ranch au beau milieu de nulle part, Jack & Mark ont finalement créé un petit coin de paradis à leur image, où tous les fantasmes (liés au « fetish porn ») pouvaient être assouvis.


Divers fétichismes étaient mis sur le devant de la scène, le tandem prenait alors un malin plaisir à mettre en boite une multitude de films avec divers protagonistes où tous les fantasmes (même les plus extrêmes) étaient abordés. Qu’ils soient barbus, tout en cuir, en salopette ou avec un cigare, les fantasmes étaient abordés et ce, sans la moindre limite. Du type hyper macho en passant par le type poilu (voir très poilu) et même l’archétype du type badass voire même « suintant » en jock-strap ou pire, le cliché du mec « sale » (avec fromage de bite en supplément, sisi j’vous jure !).


Tous les délires et fantasmes étaient permis et il en résulte des vidéos parfois terriblement loufoques et pour d’autres, terriblement dégueulasses. Tout y était abordé et ce, sans (visiblement) aucune limite, comme vient nous le rappeler Jack Fritscher avec cette anecdote croustillante lors du tournage du film Cheesiest Uncut Cowboy In West Texas (2001), que l’on pourrait traduire par « Le fromage du cow-boy texan non-circoncis ».


Avant le tournage, le réalisateur avant pris soin d’imposer quelques conditions auprès de l’acteur « on avait demandé à l'acteur de ne pas se laver la bite pendant 3 jours », sauf que, comme cela n’avait pas suffi pas pour avoir du fromage de bite, le réalisateur a dû user de subterfuges, notamment en lui tartinant le gland avec de l’ail écrasé (l’extrait auquel on a droit se passe de commentaire, on voit l’acteur prendre du plaisir à se triturer le prépuce tout en faisant ressortir les morceaux d’ails écrasés censés représenter le smegma).


Bien évidemment, c’est une anecdote parmi tant d’autres, dont on se souvient encore tant elle a, à la fois fait rire et écœurer toute la salle.


Le fétichisme et le non-conventionnel étaient leur marque de fabrique, tourner des films porno en montrant des acteurs que l’on ne voyait dans le porno mainstream. Avec des acteurs archi poilus, gros, répugnants, musclés ou mettant en scène une certaine forme de brutalité


(avec notamment un acteur qui prenait du plaisir à se faire gifler, un autre qui soulevait des haltères accrochés à ses testicules ou encore, un autre qui s’insérait une tige en acier dans l'urètre),


il y en avait pour tous les goûts.


A travers ce documentaire, pendant près de 80min les réalisateurs reviennent sur cet incroyable studio de cinéma, entre liberté et insouciance, à grands renforts d’images d’archives et de témoignages des principaux protagonistes (réalisateurs et acteurs). Une époque révolue, où les acteurs (bien souvent non professionnels) arrivaient totalement drogués sur le plateau tournage, tellement défoncés qu’ils ne parvenaient même plus à bander ou à rester sérieux face caméra.


On en rigole, mais bien souvent on se retrouve aussi écœuré (ou répugné) ou alors on a mal pour eux. Ce film a le mérite de mettre en lumière une toute autre facette du porno, qui ne se prenait pas au sérieux, prenait énormément de liberté et se donnait la peine de laisser libre court à leurs envies les plus folles.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

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le 5 déc. 2021

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