Citation de Bernard Arcand
Il y a une théorie visant à dire que Disney fonctionne par décennie, alternant 10 années de chefs d’œuvres et 10 années de...mouais. Théorie dont je n’accorde que peu d’importance, car elle ne visait que les 30 dernières années d’une boite allant sur ses 90 ans (les années 90 et 2010 étant d’une qualité globale indéniable comparée aux 2000 ou Disney se retrouve complètement dépassé) mais là...forcé de constater qu’on peut voir une partie de vérité dans cette façon de penser. On finissait les 2010 avec le majestueux Reine des Neiges 2 pour commencer cette décennie avec le coronavirus...Raya et le dernier Dragon et Disney +. Alors, Raya est-il l’erreur de parcoure made in china ou va-t-il être le début de la nouvelle dizaine noire des studios Disney ? Et bien...vous ne le saurez pas, enfin pas tout de suite, il faut plusieurs années de recul pour percevoir ce genre de chose, surtout que ni vous n’y moi ne travaillons dans les studios Disney. Vous pouvez cependant rester ici pour que je vous donne mon avis sur Raya, un film de...mouais.
Parfois je me demande comment fait Disney pour faire du cuivre rouillé alors qu’ils ont de l’or dans les mains, Parce que sur le papier, Raya et le dernier dragon a tout pour plaire. Dans un royaume peuplé de monstres en apparence invincibles, une jeune fille meurtrie par la trahison et la perte de son père va suivre un rêve idyllique de l’union de 5 tribu autre fois unies derrières les dragons. Mais elle va vite comprendre que ni les dragons, ni son comportement ne seront suffisant pour sauver son monde. Bon là vous vous dites sûrement que ce film doit être génial, mais maintenant on va parler de l’exécution de ce pitch Disney.
Toute l’histoire et les enjeux nous sont dévoilés les 20 premières minutes, et c’est juste pas possible. Ça fait depuis 1937 que Disney nous propose une schématisation de la sorte, mais dans les films précédents les personnages ont tous un ou deux but précis qui seront développer durant le film, et pareillement pour l’univers qui est au mieux défini, au pire va dans un sens, pas dans 4 sens différents. Le prologue avec Raya jeune est juste bâclée et nous montre des choses qui ne seront pas utiles par la suite (les mondes/tribus au mieux sous-exploité, au pire anéantie) qui empiètent sur les vrais éléments intéressants comme la relation entre Sisu et Raya. Comment voulez-vous qu’on croit à la dureté d’une trahison si les 2 personnages se sont rencontré il y a moins d’une heure. Et puis je ne demande pas un Disney aussi symbolique qu’un film de Lynch mais là c’est gros, là ou les Disney des 2010 était assez subtil dans leur démarche, là paie ta subtilité notamment avec le plat des cinq tribus qui te hurle tellement dessus «TU SAIS C’EST PAS GENTIL D’ÊTRE MÉCHANT, IL VAUT MIEUX S’UNIR » au point que ma suspension consentie d’incrédulité en a pris un coup.
Cette erreur est aussi frustrante qu’elle aurait été simple à éviter. Il suffisait par commencer par Raya adulte (enfin une carte du monde ou est expliquée son histoire et ses enjeux avant quand même), une personne, des idéaux, un voyage, il ne nous en fallait pas plus. Il suffisait ensuite de parler de son passé via différentes discussions et/ou allusion (voir même flashback) parce que Show don’t tell bien-sûr, mais on est pas obligé de voir cette douleur pour la ressentir, je dirais même que c’est finalement en nous en nous montrant trop qu’on perd la magie de Disney. Je ne pense pas qu’on puisse mettre en tord les musiques de Disney, même si pour moi ça dessert le rythme (en 3/4 minutes on peu fixer facilement la "carte d’identité" d’un personnage ou d’un univers) c’est un parti pris qui n’est pas un problème, Volt n’a pas vraiment de musique et pourtant l’esprit est là. Nan finalement il faut se rendre à l’évidence, en tuant le mystère vous avez tué le rêve, et il y a un un cadavre sur le plancher, celui de de l'esprit Disney.
Ce problème est d’autant plus accentué qu’on se téléporte d’un lieu à un autre sans réellement offrir une continuité au récit, chaque lieu est une mini histoire. On arrive, on galère, mais avec des ennemis devenu amis on arrive à vaincre les vrais méchants. Cette répétition bloque les rouage de l’histoire et de ses enjeux et c’est notamment à l’origine de ce qui est pour moi le plus gros problème : Ses personnages. Il y en a trop, beaucoup trop ; d’habitude Disney nous propose une relation entre 3 voir 4 personnages maximum, le reste étant des personnages fonctions. Mais là en plus des personnages fonctions devenus vrais personnages avec le montage à la ramasse (le père de Raya et la mère de Sisu par exemple) on se retrouve avec un personnage important rapporté avec chaque pierre. Et quand on a 10 personnages et presque autant de relations à développer et bien forcément il faut faire des concessions, y compris sur le trio Sisu-Raya-Namaari qui nous laisse, jusqu'à un changement total d'attitude rapide, magique et incohérent, nous laissait penser à une rédemption dans la mort de Susi (ou Raya) tant on a eu de cesse que de prouver que les enseignements de Namaari était au mieux dépassé, au pire idiot, la mort de la dragonne aurait du en plus, ne mener qu'à la mort d'un des deux personnages (je ne dis pas que ça aurait été un meilleur film si ils avaient tué quelqu'un, juste que c'était dans le sens dans lequel l'histoire allait). Et comment voulez-vous que l'on s'attache au reste des personnage que l'on a vu 5 à 10 minutes à l'écran sachant qu'il n'ont jamais ne serait-ce que tenter de se développer. J'ai l'étrange impression que Disney s'est créer sa communauté de l'anneau en oubliant que l'histoire est centrée sur la relation entre 3 personnages et qu'il était donc impossible de faire une grande union, mais apparement à l'écran ça fait plus gentil de voir toutes les tribus réunies.
On aurait pu penser au vu des bandes annonces que Disney cherchait un certain renouveau pas forcément plus adulte mais d’une certaine façon plus mature dans son propos. Sauf que non, déjà esthétiquement le film souffre beaucoup de sa sortie Disney+ tant chaque prise de la caméra nous hurle son envie d’être projeté sur grand écran tant tout cela est beau. Mais également dans le fond je dirai qu’on nous fait du rétropédalage. Rien qu’en prenant La Reine des Neiges 2, on aborde les thèmes du deuil et ou on fait une référence à Queen dans une chanson hilarante. Là on reste dans un schéma classique d’une quête visant à nous rappeler l’importance de s’unir est arrêter de nous juger par nos différence, sans sortir vraiment des chemins tracés. On en viendrait même à se demander l’intérêt d’un tel film, si ce n’est pour charmer le nouveau public chinois (Chose qui n’a pas l’air de marcher quand on voit Mulan) et pour nous laisser patienter en attendant Encanto dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est la présence de Byron Howard à la réalisation, ce qui est une raison suffisante pour espérer le meilleur.
Alors, Raya, un produit made in china? N'exagérons rien mais admettons cependant qu'à trop courir après la pluie, la flamme de merveilles de nos dragons ressemblent plus à un pétard mouillé