Je laisserai le soin aux anti-fa tout aussi culturels qu'habituels de descendre le nouveau Disney, devoir dont ils se sont acquitté sans doute depuis belle lurette par des moyens plus ou moins détournés. Sans surprise : c'est toujours aussi nul et idiot.
Je laisserai le soin aux fans de la souris multimilliardaire de vous en chanter les louanges, dont certaines sont méritées.
Car ce qui m'a d'abord frappé avec Raya et le Dernier Dragon, alors même que le film essaie de mettre en place une mythologie, c'est la volonté des studios Disney de totalement désacraliser certains de ses films. Car alors que le nom de Walt était jusqu'ici indissociable de la salle de cinéma, sortir un long métrage sur une vulgaire plate-forme de streaming sonne comme un désaveu, une remise en cause de la ritualisation de la découverte.
Raya et le Dernier Dragon s'impose donc seulement aujourd'hui comme un film parmi d'autres, comme Soul avant lui, et comme le sera Luca demain. Noyés dans la masse des petites vignettes très peu attirantes se bousculant sur un écran d'accueil, disponibles à l'envi sans pour autant susciter le désir ou même l'adhésion.
Alors même que Raya et le Dernier Dragon était calibré pour être savouré dans une salle obscure, et être immédiatement séduit par la grande beauté plastique de l'ensemble qui, sans cependant égaler celle de Vaïana, a de quoi ravir l'oeil, tant le souci du détail est constant. Cela aurait rendu justice à la grandeur des décors, empruntés à différents pays d'Asie du Sud Est, abritant une épopée qui ne souffre d'aucun temps mort dans son action, tout en ménageant une part de merveilleux plutôt agréable, supportée par un dragon aux allures de génie d' Aladdin.
Oui, l'aventure demeure classique; digérant nombre d'influences allant de Avatar à Mulan, d'une pincée de Star Wars jusqu'à Abominable, du côté de chez DreamWorks. Oui, celle-ci ne sort pas trop du cahier des charges Disney, avec un surnombre de sidekicks dont au moins la moitié est peu utile.
Mais il y a dans Raya et le Dernier Dragon assez de magie pour entretenir la flamme et émerveiller, d'autant plus que l'oeuvre a le bon goût de se passer de chansons, et donc de s'inscrire en total contre-pied d'une Reine des Neiges II qui réussissait plus à vriller les oreilles qu'à exécuter un quelconque air potable et entraînant.
Et puis, surtout, il y a dans Raya des enjeux et un personnage plus sombre qu'à l'accoutumée, sans méchant clairement identifié. Moins rêveuse, plus amère et méfiante, désillusionnée et vengeresse, Raya tranche avec les héroïnes Disney habituelles. Loin d'un désir d'émancipation, elle souhaite au contraire comme régresser à lâge de l'enfance qu'on lui a volé.
L'humanité qui forge sa propre perte est dès lors une thématique à même d'entrer en résonance avec notre réalité, et que même le message de confiance, un peu trop appuyé à mon goût, ne viendra pas minorer.
De là à considérer que Disney aurait retrouvé sa formule magique...
Behind_the_Mask, Imagine Dragons.