Razor blade smile
4.4
Razor blade smile

Film de Jake West (1998)

Avec Razor Blade Smile, Jake West propose une relecture du mythe des vampires qui se veut plus moderne, mais qui apparait aujourd’hui terriblement daté, tellement 90’s et surtout assez raté.


Lilith Silver est ainsi une vampire et femme fatale qui a troqué les froufrous pour le cuir, sa combinaison laissant bien apparaitre son décolleté. Tueuse à gages surnommée l’Ange de la mort, elle mord, bien sûr, mais aussi use de ses revolvers et même d’un sabre à la fin, car elle est bad ass. Elle est incarnée par Eileen Daly, toujours au centre de l’attention, alors modèle de charme et actrice assez célèbre de l’autre côté de la Manche pour ses nombreuses participations à des films d’horreur.


Embauchée pour décimer les membres d’une organisation secrète, Lillith va tenter de déjouer son avancée, missionnant un inspecteur corrompu, au fil d’un scénario navrant et idiot. Nous avons encore une société secrète qui se distingue par une bague portée, ce qui n’est pas le signe distinctif le plus discret quand on veut rester caché. Seule une pirouette à la fin lui ajoutera un peu de piquant, même si c’est au prix de toute crédibilité avec ce qui prévalait, pour la beauté du twist.


Alors, certes, il est bien de dépoussiérer les clichés vampiriques un peu désuets, les transformations en chauve-souris ou en brouillard, l’absence de reflets dans le miroir ou la crainte de la croix, mais le film le fait avec une telle prétention que cela en devient risible. Trop fier de son originalité, il fait le malin sur ce qu'il propose comme "son" mythe du vampire. Le spectateur n’échappera pas par contre aux expirations sifflées quand les dents sont de sortie (et elles le sont souvent), omniprésentes et horripilantes, on croirait avoir un troupeau de serpents sous le canapé.


Plus fun, plus adulte, ce pourrait être son credo, mais surtout plus con, le film n’a peur de rien, mais il le fait tellement mal. Ses scènes d’action sont grandiloquentes, avec des flingueurs qui prennent la pose mais tiennent mal leur arme ou des affrontements terriblement mous. L’érotisme de la figure vampirique n’est pas oublié, mais ici il est cru, assurément plus direct, avec même du lesbianisme, histoire d’affoler les spectateurs. Les dialogues n’ont rien de précieux, il faut aller à la réplique qui pique, celle qui claque dans l'oreille, or ce n’est pas souvent réussi.


Jake West n’est probablement pas indifférent au style de Tarantino dans les années 1990, mais lui savait utiliser la violence avec une certaine intelligence, ce qui n’est guère le cas ici. Les personnages sont bêtes, le sang gicle sans esthétique, les exécutions sont tellement appuyées qu’elles en deviennent pitoyables.


Le réalisateur n’a pas le même talent que son homologue américain, certainement pas. Jake West vient de la réalisation et du montage de bande-annonces et de clips, et cela se sent, les plans sont rapides, hachés et confus. La frénésie recherchée dans les scènes riches en testostérone ne mène à rien, de même que les cadrages recherchés, avec un abus manifeste de gros plan sur les visages d’acteurs qui pour la plupart jouent très mal.


Et comme c’est son premier film, Jake West met le paquet, et n’hésite pas en plus à user d’effets et d’artifices visuels qui veulent secouer le cinéma à la papa mais qui sont lourds et agaçants, même si certains arrivent malgré tout à fonctionner. Citons donc en vrac des couleurs saturées, des fondus, des tremblements de caméra, du flou, des ralentis ou des accélérations, la liste est bien chargée. Mais le pire ce sont probablement ces scènes d’extérieur tournées en nuit américaine pour simuler la nuit, qui sont entièrement ratées car complètement artificielles.


Il faut bien se faire les dents, mais là c’est un travail en roue libre. Heureusement le réalisateur fera du meilleur travail sur Doghouse en 2009, comédie horrifique bien sanglante que je recommande. En l’état, Razor Blade Smile est trop prétentieux dans sa volonté de moderniser le vampire alors qu’il est juste beauf, qu’il est plus navrant que rigolo, ce qui lui évite d’être un sympathique nanar puisqu’on passe plus de temps à se taper le front devant qu’à en rire.


A la même époque, à quelques mois près, de l’autre côté de l’Atlantique, un autre film revisitera les traditions vampiriques du cinéma mais avec un talent plus certain, Blade.

SimplySmackkk
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le 1 juin 2021

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