Razorback
5.9
Razorback

Film de Russell Mulcahy (1984)

Après avoir vu Wolf Creek il y a quelques temps, je m'étais fait la réflexion de regarder plus de films australiens. Choses dûes choses faites avec ce film d'horreur de seconde zone qui sent bon la fange et le saucisson, répondant au nom de Razorback.

Le film nous présente donc Beth Winters, une militante pour le bien-être animal, qui décide de partir pour la cambrousse australienne afin de dénoncer la chasse massive de kangourous et de sangliers. Là-bas, elle rencontre Jack Cullen, un chasseur qui en veut à mort à tous les sangliers du pays, en particulier au specimen qui a détruit sa maison et tué son petit-fils : une bête grosse comme un rhinocéros qui s'attaque aux habitations et aux gens.

Avec une histoire plutôt originale qui semble être une fusion entre un cauchemar d'Obélix et Les Dents de la Mer, ce film relativement peu connu à été nominé dans quelques festivals à l'époque, notamment celui du film fantastique d'Avoriaz.


Alors, dans les grandes lignes, Razorback est un film sympa, avec un côté défouloir qui rappelle certains films d'aventure un poil bourrins. Car même si il est labélisé "horreur", le film n'est pas vraiment une prodcution horrifique. Il y a un animal tueur oui, des meurtres et de la tension, mais dans le fond ça n'a rien d'effrayant ou d'insoutenable, sauf si vous souffrez de Nourinophobie (la peur des cochons si jamais vous aviez pas compris).

Mais ce n'est pas parce qu'il n'est pas complètement un film d'horreur, que l'oeuvre n'a pas besoin de travailler son ambiance et son univers.


J'ai été juste fasciné par l'ambiance générale du film. Comme dit plus haut, ce n'est pas horrifique mais c'est vraiment prenant. C'est poisseux et crade; le sable se mêle à la boue et la boue se mêle au sang. Le soleil darde ses rayons oranges durant une grande partie du film, et la nuit, on ressent le frisson du froid nocturne.

Outre les éléments naturels venant de l'écosytème australien, les décors humains, eux, apportent quelque chose de magique au film. J'ignore si les bâtiments et les lieux rouillés ont été installés par l'équipe du film ou non, mais en tout cas, tout ce fer et ces débris imprégnés de la couleur de la terre apportent une véritable personnalité au décor. Ce n'est pas juste le désert, c'est tout un monde abandonné par l'homme où seuls règnent la décrépitude et les bêtes sauvages. À certains moments, on a l'impression de se retrouver face à des images issues d'un film d'anticipation. Je le répète, mais les décors et l'ambiance sont sûrement ce qu'il y a de plus réussi dans ce long-métrage.


En ce qui concerne l'antagoniste/mascotte du film, à savoir le sanglier, disons qu'il fait son boulot. Bien évidemment, il ne s'agit que d'un animatronic, mais je trouve que plus le film avance, moins il devient impressionnant.

Lors de sa première apparition il est presque uniquement suggéré, il n'est qu'un grognement, une ombre qui détruit tout sur son passage en mugissant des gargouillements qui semblent venir du fond des Enfers. Mais lorsqu'il apparaît complètement, il n'est pas très vivant, et on sent que l'équipe a dû trouver des astuces pour rendre leur bestiole un peu plus intimidante.

D'ailleurs, après la sortie du film, Steven Spielberg en personne aurait contacté le réalisateur pour lui demander comment les effets spéciaux pouvaient être aussi cools avec un budget réduit.


Passé l'ambiance et le côté divertissant, ce film est loin d'êtres parfait.

Déjà, scénaristiquement, je n'arrive pas vraiment à pointer du doigt ce qui me dérange mais je sens que quelque chose cloche...On dirait qu'à part l'idée d'un sanglier tueur dans le désert, le réalisateur ne savait pas trop comment articulé son histoire : rapport entre l'homme et l'animal, choc des cultures, abattoir, décor post-apocalyptique, rednecks barjos etc.

Je sais que je critique souvent les films où beaucoup d'idées se croisent, et à vrai dire, dans le cas présent, c'est plutôt bien dosé. Mais le changement de personnages et d'arcs narratifs ne marchent pas très bien, et au final, certains passages pourraient bien simplement ne pas exister.


Sinon, il y a deux trois détails qui m'ont bien fait rire parfois. Le cri qui se termine en arrêt sur image, le mec qui tombe dans les pommes parce qu'il voit une femme nue, le personnage qui qui se fait attaquer par le sanglier et qui ne trouve rien d'autre à dire que "wah.", et évidemment, le héros qui préfère attaquer le pourceau à coup de bouteille alors qu'il a un fusil chargé ! Franchement, j'ignore si ces moments sont volontairement comiques ou non, mais si il y avait plus eu de moments comme ça, ça aurait pû devenir un genre de comédie horrifique survival vraiment cool !


Ah et les antagonistes humains sont vraiment insupportables. Voilà, je dis juste ça comme ça.


Razorback, c'est un film loin d'être mauvais mais qui a tendance à s'autodétruire avec des défauts à la con et certains passages inintéressants.

Dans ma critique sur Wolf Creek, j'avais dit que le film était fortement inspiré par un certain film se déroulant au Texas, mais je pense que cette histoire de sanglier a tout autant inspiré la saga Wolf Creek que le classique de Tobe Hoper. On y retrouve le même côté poisseux et sauvage, dont seul les territoires australiens ont le secret.

D'ailleurs, le film a eu droit à une suite spirituelle sortie en 2017 intitulée Boar avec Bill Moseley.

Quoi qu'il en soit, on dit que tout est bon dans le cochon, mais j'ignore si tout est bon dans le sanglier géant mangeur d'hommes...

    Créée

    le 1 sept. 2022

    Critique lue 35 fois

    6 j'aime

    Arthur Dunwich

    Écrit par

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    6

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