J'ai donc eu la chance de voir Ready Player One en avant première hier, et le nouveau film de Spielberg est un bon film.
Comme tout le monde, j'avais peur que le film ne se transforme en succession de références geek cool eighties un peu faciles pour les nuls; et bien qu'il y ait un peu de ça, on avait oublié de prendre en compte un facteur important: Steven Spielberg!
Parce que Spielby nous sert peut-être une soupe eighties, mais une soupe eighties qui a du gout, qui a été faite maison, et avec le talent d'un grand chef qui connaît son métier mieux que personne. Ce qui fait de Ready Player One un bon film d'aventure toujours amusant avec quelques séquences hallucinantes (Shining, je dis que ça); ce qui fait de Ready Player One un film réussi.
Peut-être pas un film qui restera comme un film essentiel du réalisateur, mais de jolies montagnes russes empruntées sans cynisme, et avec un cœur gros comme ça par Spielberg et son équipe. Face à cette générosité on ne peut que se laisser entrainer dans ce festival de références et d'actions.
Alors, ça ne veut pas dire que le film soit parfait, loin s'en faut!
La morale de fin est un peu simpliste: "la réalité, c'est tout de même la vraie réalité véritable du monde réel que rien ne remplace"... Ouais, et la mayonnaise aux œufs, c'est tout de même la vraie mayonnaise aux œufs que rien ne remplace non plus, mais une fois qu'on a dit ça, on ne sera pas beaucoup plus avancé hein! Il y a aussi une sensation de léger gâchis quand on se rend compte du potentiel de l'univers, et d'à quel point toute la dimension dystopique/politique n'a que peu été exploitée. Il y a également le coté référence pop culture de papa (histoire d'être sûr que ça passe pas au dessus de la tête de tout le monde), avec plein d'easter eggs dans les coins pour faire plaisir à ceux qui veulent regarder le film au ralenti qui peut par moment paraître factice.
Et pourtant, malgré ces quelques tares qui auraient surement été accentuées dans d'autres mains, le film se regarde avec un plaisir presque constant et ce sans qu'on sache jamais exactement mettre le doigt sur ce qui fait toute la différence.
Au final, le Haliday du film, sorte de génie ayant créé l'Oasis, et qui cherche à transmettre son héritage à travers un jeu dans le jeu, me fait furieusement penser à un réalisateur qui aurait créé une partie considérable de la pop culture des années quatre-vingt, et qui nous donnerait avec ce film certaines clefs pour comprendre son cinéma: un cinéma qui a servi de refuge et d'oasis pour beaucoup d'entre nous au cours des années; un cinéma de l'émerveillement qui nous viendrait presque de notre enfance, un cinéma d'une époque désormais lointaine dont nous sommes tous les héritiers.
Reste à savoir qui sera capable de reprendre cet héritage, de décoder les indices qui expliquent comment Spielberg arrive à faire ce qu'il fait et puis de parvenir à suivre ses pas... Malheureusement, on ne voit pas encore vraiment au milieu des Sixers d'Hollywood, émerger la figure du Parzival qui pourrait s'avérer être le digne héritier de Monsieur Spielberg.