En 2045, l’humanité à abandonner la triste réalité, la Terre est surpeuplée, pollué, la population est séparée entre les riches qui vivent dans des buildings et les pauvres dans des dépotoirs et des plies de caravanes. Tous s’évadent de cette morne réalité dans l’OASIS, un univers numérique entre jeux vidéo et seconde vie, son créateur James Halliday (Mark Rylance) est vénéré comme un Dieu. Halliday en mourant lance une chasse au trésor, trois clés pour remporter l’immense fortune de Halliday estimé à 500 milliard de dollars et prendre le contrôle de l’OASIS. C’est dans ce contexte que Wade Watts alias Parzival (Tye Sheridan) se lance avec ses amis à la recherche des clés, il se confronte à la Corporation IOI de l’égoïste Nolan Sorrento (Ben Mendelssohn) et son armée mais aussi à la rebelle Samantha alias Art3mis (Olivia Cooke). Très vite, le destin de l’OASIS et du monde est dans les mains de Wade.


Dans Ratatouille, Rémi le rat fait manger au critique désillusioné et blasé Anton Ego une ratatouille qui le ramène à son enfance, dans son souvenir enfantin il retrouve un temps perdu, un temps de bonheur et de beauté loin du monte gris dans lequel il vit désormais, le critique retrouve l’espoir grâce à un rat. Ce principe simple et tant galvaudé que la nostalgie, dans cette époque finalement bien triste pour l’imaginaire les créations originales ne parvenant pas à se substituer à la citation facile ou le plagiat, mais il est question ici de la madeleine proustienne. Steven Spielberg agit derrière sa caméra comme le vieil homme écrit son testament, il n’est pas le premier à le faire au cinéma on se souvent de Jean Cocteau dans le Testament d’Orphée revenir en arrière dans son œuvre et sa vie et mourir entouré de ses créatures et de ses amis, de ceux qu’il a rendu possible. Spielberg ne se cite pas dans Ready Player One, a peine dans l’apparition d’un T-Rex en début de film, plutôt dans le simple fait que c’est LUI qui réalise le film se suffit à lui-même. Ce qu’il prend aux années 80 pour l’inclure dans son film est dilué et moins démonstratif que ce l’on peut croire, rien n’est simpliste ou gratuit contrairement aux films Marvel qui se contente de faire de la forme pour ne pas avoir à créer du neuf. Spielberg à créer le neuf, son Tintin est le film d’animation le plus important et novateur des quinze dernières années, a la fois magnifique dans les couleurs et les formes et révolutionnaire dans la technique, le plan séquence de poursuite dans les rues de Bagghar est mythique et spectaculaire, nous avons la même chose en live action dans la poursuite dans la jungle amazonienne dans Indiana Jones et le royaume du crane de cristal, encore plus spectaculaire, ininterrompu par l’action, cascade et fourmis dégouline de l’écran. Mais il faut attendre Ready Player One pour le voir transcender tout ça, les mélanger pour en arriver à la plus grande séquence de voiture du cinéma du début du siècle. Des impressionnante poursuite déjà vu dans Matrix reloaded ou Speed Racer des Wachowski à Mad Max Fury Road ou Baby Driver, c’est le film de Spielberg qui en fait la synthèse, donne la leçon de cinéma pour tous. La DeLorean de Doc Brown/Wade peut voler ou freiner derrière la moto rouge de Kaneda/Art3mis poursuivi par King Kong ou la Batmobile. CETTE poursuite sur-vitaminé, la madeleine proustienne qu’est Ready Player One dans son premier quart d’heure est trop riche en calorie mais c’est tellement bon qu’on en redemande, là où les poursuites déjà cité dans Matrix ou Mad Max sont épuisante elle est chez Spielberg vivifiante. Critiquer le nouveau Spielberg comme une compilation grotesque de références pop est particulièrement absurde, c’est d’une part le projet même du film et d’autre part il parvient à s’en défaire rapidement. Le propos principal du film n’est pas la nostalgie infantilisante et bébête comme c’est le cas dans la serie surcoté Stranger Things ou dans les productions récentes de Disney/Marvel incapable d’etre à la hauteur de leur référence (Thor Ragnarok semble aujourd’hui dépassé et ringard, Spider-Man Homecoming un mauvais souvenir raté) mais repose sur la contemplation du passé oublié, ne pas regretté sa vie comme c’est le cas de James Halliday, demi-dieu geek avec en avatar Anorak, un archétype du père de substitution du héros, du vieux mentor gaga et atypique (Yoda, Gandalf, Dumbledore, Zeus ou Dieu lui-même), il invente pour lui une bibliotheque numérique composer de ses souvenirs, pour les revivre à l’infini, entre le miroir et l’éternel retour de Nietzsche. C’est au fond ce qui veut nous faire comprendre Spielberg, en mettant en scene sa propre figure celle du jeune paria puisque Tye Sheridan est son sosie et de l’autre Mark Rylance qui est exactement ce qu’est Spielberg aujourd’hui, le cinéaste culte, déifier à l’envie par ses camarades et ses fanatiques (dans son sens mythologique), à la fois l’inventeur d’un univers merveilleux, important pour dans l’histoire du cinéma depuis Jaws et E.T à Indiana Jones et Jurassic Park, dans l’ombre de Georges Lucas qui lui propose de l’aider sur la prélogie Star Wars ou ses amis Francis Ford Coppola ou Scorsese jusqu’au Pape des cinéphiles Stanley Kubrick, mentor et ami de Spielberg. Il réalise pour lui A.I adaptation personnel de Pinocchio (Et le plus beau film de Spielberg après Schindler’s list), si le Napoléon de Kubrick est encore dans les cartons de Spielberg, c’est avec Ready Player One qu’il lui offre son plus beau souvenir d’ami dans la scene désormais culte et indépassable ou nos héros doivent trouver la deuxième clé du jeu de Hallyday dans The Shining. La performance est abyssale et dangereuse mais seul Spielberg le faire avec autant de maestria et d’inventivité.
Ready Player One est certes le meilleur film de Steven Spielberg depuis bien longtemps mais il n’est pas exempt de défauts. Si chacune des séquences animées dans l’OASIS est magistrale, nous transportant dans plongeants droit dans le terrier du lapin pour oublier l’espace d’un instant la réalité comme les êtres humains du futur du film, le retour à la réalité est dur. Pour les personnages, Wade est un garçon vivant entre les détritus et les coups du compagnon de sa tante, un énième paria qui n’a pas une personnalité très bien construite, plutôt neutre, un héros typique des années 80. De même, on devine assez rapidement le pot aux roses sur l’identité de son collègue de jeu Aech, de même que l’évident processus d’amour entre le jeune héros et la belle rebelle, dans cette romance le film n’évite pas une certaine mièvrerie. Le scenario n’est pas très inventif, il repose sur un fil conducteur très simple, pratiquement le même que celui de Charlie et la chocolaterie, le méchant est une ordure capitaliste sans envergure, dommage qu’il ne soit pas plus profond de même que ses sbires qui laissait pourtant présager des surprises qui ne viennent malheureusement pas. La musique d’Alan Silvestri sonne comme une évidence, le compositeur des thèmes de Retour vers le futur, Predator, Forrest Gump ou Avengers aurait dû déployer l’étincelle de son talent, produire un chef d’œuvre qui n’est pas là. La bande originale est passable mais oubliable. L’intérêt musical du film se limite donc aux reprises des TOP 50 qui nous connaissons tous, de Prince, Ah-ha ou Duran Duran et tant d’autres. Une fois ces quelques défauts passé qui ne gâchent en rien le film surtout pour le jeune public (Le véritable public du film).


Dans son final, Ready Player One déploie son potentiel de spectacle et de citation dans une bataille extrême, si pour certains ce sera le moment de l’overdose cette grande séquence de guerre est l’ultime baroud d’honneur de Spielberg, on n’a jamais vu ça dans un film récent. Le méchant et son avatar mi Clark Kent mi Bruce Wayne animé dans son mécha-godzilla, bête-machine laide et destructrice contre le Géant de fer, le robot du film éponyme de Brad Bird voulait etre Superman. L’immense bazar, terrain de jeu geek par excellence mène à l’héritage tant attendu et à l’expectative d’un épilogue heureux, plein d’espoir comme seuls les films de Spielberg pouvait l’offrir avec en plus cette envie irrésistible d’y retourner, de plonger encore dans l’OASIS, repartir à la recherche de l’œuf d’or. Tout ça pour en conclure qu’il faut savoir se retirer des rêves, de la virtualité, revenir à la réalité. C’est d’autant plus important dans ce futur, qu’il n’existe plus de rapport humain mais uniquement par le biais de l’OASIS. La petite révolution initié par Wade est donc salvatrice pour le film mais surtout c’est un message direct de Spielberg au spectateur, aux enfants qui ont toujours été l’essence du cinéma de Spielberg et son spectateur fétiche et enfin à ses enfants cinéphiliques, ceux qui ont grandit avec ses films (comme moi) à qui il dit non seulement toute sa reconnaissance en réalisant ce magnifique film en forme d’inventaire de sa vie et de son œuvre (Marque d’un très grand artiste) mais c’est aussi savoir s’en détacher pour inventer encore et toujours. Spielberg donne une leçon aux minables qui repompes son cinéma et les années 80/90 pour ne rien produire, contrairement à lui toujours capable à son âge de faire une course gargantuesque qui met tout le monde d’accord, inventive et évolutionnaire en plus d’utiliser la culture mit en évidence par le film et sa promotion. Le cinéma n’est ni de la littérature ni du jeu vidéo, le travail de l’auteur du livre original au scenario est d’autant plus impressionnant qu’il laisse de la place au propre imaginaire du spectateur dans un univers en apparence saturé par les références. La portée universel et illimité qu’offre l’OASIS est exactement la même que la part qu’offre le cinéma à l’art, véritablement infini, sans limite comme l’imagination.

Mastagli_Alexandre
9

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le 2 avr. 2018

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