Le buzz autour de ce film et sa tendance à scinder le public a lourdement titillé mon envie de le voir. Cet intérêt s'est vite ratatiné devant les méandres des trailers qui ne présentaient que des centaines voir des milliers de références brouillons à la pop-culture dans une orgie numérique.
C'est très inquiet que je suis entré dans la salle obscure.
Je ne comprends pas son succès. Sincèrement. Etre aussi demandant de nostalgie au point d'accepter une absence totale d'enjeux ou tout simplement un spectacle visuel qui dure jusqu'à vous faire regretter le Hobbit dans sa longueur, c'est tout simplement ahurissant.
Non, je n'ai pas aimé ce film. C'est conformément le genre de produit hollywoodien qui se vente d'être le dernier d'un grand réalisateur qui parle aux jeunes et qui pensent savoir où il met les pieds. Que ce soit dans son déferlement de licences (Arkham, Overwatch, Halo, RETOUR VERS LE FUTUR) jusque dans son affiche, on comprend qu'à force de vouloir rappeler la bonne époque et les chef-d'oeuvres cultes, au grand jamais l'oeuvre ne pourra elle-même conserver une identité propre, se noyant dans son accès aux droits d'utilisation. Long, abusif, cliché, le dernier bébé de Spielberg relève plus d'une cinématique de jeu que d'un long-métrage live-action.
L'histoire semble piquer de ça et là, tantôt Sword Art Online, tantôt Avatar, j'y ai même vu un peu de Surrogates. Arthur et les Minimoys aux pays des jeux-vidéos. En effet, dans un monde pollué et détruit par le délaissement humain d'une vie trop dure sans aucune explication, on observe l'échappatoire de l'humanité toute entière (du moins les Etats-Unis, mais ça relève d'à peu près la même chose) se projeter dans un monde virtuel ou les liens sociaux sont plus forts que tout. Un message pro-gamers qui relève plus de succion pénienne qu'autre chose, à force de vouloir se faire aimer, le film vient à s'en brûler les doigts. Tout est outrageusement référencé, quitte à délaisser la narration principale pour nous vendre du Minecraft, World of Warcraft ou tout autre petit élément qui pourra ravir Mike le Gamer abonné à WoW depuis 2003.
La méchante société du méchant Mads Mikkelsen veut mettre la main sur les trois clés laissées par le programmeur tout puissant disparu afin de faire des trucs compliqués liés à l'argent pour être des méchants. c'est tout ce que j'ai retenu de ces 2h20 de course-poursuite tarissable et languissante.
D'ailleurs, cette espèce d'adoration pour le créateur du jeu, d'où vient-elle ? Tel un Citizen Kane (d'ailleurs référencé avec Rosebud) il laissera accessible le désir le plus profond des joueurs à celui qui connaîtra sa vie par coeur. Mais... déjà quel connard narcissique ferait-il ça et surtout depuis quand le rêve du joueur est d'obtenir les droits d'un jeu ? Bref.
Si ce grand créateur si bon et si doux délègue son précieux jeu, c'est pour fournir les dix dernières minutes du film dans lesquelles on nous livre sur un plateau une magnifique philosophie de vie, hey guys, sortez de chez vous c'est mieux ! Okay, pourquoi faire un film entièrement dans les jeux vidéos qui parle uniquement de jeu vidéo et qui n'en n'est pas un ? Parce que oui, petite disgression, mais un jeu vidéo ne ressemble pas du tout à ce qu'on nous montre là, de simples lunettes VR et un tapis roulant ne peuvent pas nous plonger dans un monde virtuel sans interface où tout est soudainement possible comme nous le vante les publicités des films en 3D. Les mecs, vous aviez déjà fait l'erreur avec SAO !
Bref, quand notre cher Wade comprend que le créateur n'est pas vraiment mort mais est mort tout de même, il se transforme en tas mortifié de clichés adolescents et pécho la jolie rousse aux côtés de ses amis asiatiques qui font du kung-fu et qui farment tels de jeunes coréens de 11 ans sur les mmorpg (véridique dans le film).
Le film terminé, j'ai plus eu l'impression d'avoir assisté à une cinématique clinquante mais terne qui veut nous faire avaler une énorme boîte d'Atari 2600 pour qu'on se rappelle à quel point c'était mieux dans les années 80 que tu les ait connu ou pas, le tout enrobé d'easter eggs juteux, mais c'est pas en recopiant la musique de Retour Vers le Futur que je ressentirai la même chose devant. Ce film n'est qu'une grosse chasse aux oeufs qui, sorti la veille du week-end de Pâques, relève plus d'une blague du premier avril.