Sorti la même année que Pentagon Papers, l'autre film de Steven Spielberg, Ready Player One s'annonçait comme le pendant grand public et commercial du premier. Le film explore le thème du virtuel et multiplie les références sur la pop culture, mais question référence, on tombe très vite dans les grands classiques des productions Spielberg. Et ne vous attendez pas à voir du Star Wars ou du Disney, problème de droits oblige ! Côté scénario, c'est assez convenu, pas de surprises, on se promène sur les mêmes sentiers battus que bien trop de blockbusters empruntent habituellement (notamment Disney).
Halliday est un avatar de Steven Spielberg lui-même. Sur les trois quêtes aux Easter Eggs, les deux premières sont étroitement liées à Spielberg. La première épreuve est une course entièrement dédiée à ce cinéma de pur divertissement qui a inspiré tonton Spielberg (King Kong) et auquel il a contribué lui (Jurassic Park) et ses potes (Retour Vers le Futur de son protégé Robert Zemeckis). La deuxième épreuve est un hommage à Stanley Kubrick, un des plus grands réalisateurs du cinéma et pour qui Steven Spielberg avait un immense respect (et liés par une profonde amitié). Dans cette épreuve, on est littéralement transporté dans l'hôtel du film Shining, l'un de mes Kubrick préférés. Malheureusement, le résultat n'est clairement pas à la hauteur de mes espérance.
Dans la troisième et dernière épreuve, Steven Spielberg tente assez naïvement d'établir un pont entre le monde du cinéma et celui des jeux vidéos avec cette référence à Adventure, le premier jeux d'action-aventure de l'histoire sur Atari 2600. Avec cette dernière épreuve, c'est l'occasion pour tonton Spielberg d'exploiter, une fois encore, tous les thèmes qui lui sont les plus chers, ceux de l'enfance, de la création et du rêve. Quoi de plus évident en effet de placer le lieu ultime de la quête de l'Ester Egg dans une chambre d'enfant, cette chambre si chère à Spielberg qui, tout comme Halliday, trouvait dans l'invention de mondes imaginaires un moyen d'échapper à son quotidien morose. Ainsi, la boucle est bouclée. Tous les amis de Spielberg qui l'ont connu quand il était enfant affirment que c'était un vrai "geek". Il a d'ailleurs déjà mis un pied dans l'industrie vidéo ludique, puisqu'au milieu des années 90 il a transformé l'un de ses projets de film en jeux vidéo (The Dig).
Ready Player One c'est le film réalisé par un geek des années 80 pour la communauté geek du 21ème siècle, un monde qui ne propose plus rien d'originale (des suites, des reboots et des remakes fabriqués à la chaîne) et qui se complaît dans le "c'était mieux avant". Le film est une véritable ode à la pop culture des années 80, à croire qu'il n'y avait rien eu avant. Et Steven Spielberg y a grandement contribué en façonnant cette pop culture des années 80 avec des films comme Indiana Jones, E.T., Les dents de la mer, Jurassic Park et sans oublier les productions Spielberg (Amblin Entertainment et DreamWorks Pictures) tels que Gremlins, Retour vers le futur, Poltersgeist, Men in black ou encore Le Géant de fer.
Mais il serait complètement insensé de penser que Steven Spielberg puisse appartenir à cette caste des "vieux cons" qui ne comprennent rien à la culture geek et qui cherchent à caresser le spectateur dans le sens du poil pour engendrer le maximum de bénéfices. Très vite, on ne sait plus où donner de la tête, tellement les références geek sont nombreuses dans ce film. Mais ce ne sont pas de simples références gratuites, uniquement pour flatter la connaissance du geek moyen, ce sont en fait des avatars et des skins comme dans les jeux vidéos. C'est comme quand gamin on pouvait choisir de décorer sa chambre avec des figurines ou bien des posters, comme aujourd'hui un joueur de Overwatch peut choisir d'utiliser un skin de Batman parce que c'est son héro préféré. Dans l'oasis du film, c'est exactement ça, avec la Dolorean de Mcfly (Retour vers le futur), la moto de Kaneda (Akira) ou le robot du Géant de fer.
Après, Le scénario est un peu trop "bateau", même si après tout il correspond bien à l'état actuel de la société (la mondialisation, le monopole des entreprises, le contrôle de masse ...). Le film véhicule une morale, certes simple, mais noble. Il nous plonge dans un monde sombre et apocalyptique, où l'humanité court à sa perte. Toute le monde essaie d'échapper à la réalité, en s'enfermant dans ce monde virtuel nommé l'Oasis. C'est un message d'espoir en prônant un retour au réel. Mais oui, le scénario reste malgré tout ultra convenu, avec le jeune qui rencontre l'amour et une société de méchants qui veut les dominer tous.
Au final, que penser de ce Ready Player One ? Un scénario assez banal, pas mal d’incohérences et des moments franchement niais, voire même limite gênants (le méchant vraiment très méchant et la relation amoureuse entre les deux principaux protagonistes). Par contre, la course qui fait figure de première épreuve est très spectaculaire, la mise en scène est toujours lisible (et très soignée) et la plupart des références fonctionnent bien ... même si l'absence de toutes références à l'univers Star Wars est assez gênant. Sérieusement, comment peut-on passer à côté de Star Wars quand on a grandi comme moi dans les années 80 ? Et en conclusion, on se retrouve face à un divertissement honnête, mais du "vite vu, vite oublié".