Kiyoshi Kurosawa a réalisé Shokuzai, ce film (destiné à la télévision au départ) en deux parties et qui m’avait beaucoup plu l’année dernière.
Avant le film, un entretien avec le réalisateur, Kiyoshi Kurosawa, a été diffusé. Très intéressant, j’aurais préféré le voir après, plutôt qu’avant, vu que forcément avant d’avoir vu le film on ne dispose pas de toutes les clés d’interprétation.
Real est inspiré à 70% (attention, c’est précis) d’un roman intitulé « A perfect day for plesiosaur » (j’ai du mal à trouver des infos sur ce roman, et la flemme de presser Google jusqu’à la dernière goutte). Du coup, il sera question à un moment donné d’un dinosaure. Sachez-le.
Atsumi est une dessinatrice de mangas, elle vit avec Koichi et ils sont apparemment très amoureux. Jusqu’au jour où sa série de mangas s’arrête, la poussant à commettre un geste désespéré. Koichi accepte alors de se livrer à une expérience de « contact » dans un centre spécialisé, où Atsumi est hospitalisée, dans le coma. Le contact va bien avoir lieu et Koichi va tenter de ramener Atsumi à la vie. Celle-ci lui réclame un dessin de plésiosaure réalisé lorsqu’ils étaient enfants, sur l’île sur laquelle ils habitaient. Cette quête va finalement amener Koichi là où il s’y attendait le moins. Fin du pitch, sinon je tombe dans des spoilers.
J’avais trouvé Shokuzai fascinant, tant par sa mise en scène que par l’approche des personnages. J’avoue que j’ai été un peu déçue par ce Real. La science-fiction est toujours un exercice délicat, et ce centre de mise en contact avec des patients dans le coma m’a paru un peu daté… pour ne pas dire kitschouille… Avec le recul, on peut d’ailleurs se demander s’il était bien « real », sans tomber dans le spoiler, of course.
Du point de vue de la réalisation, j’ai retrouvé comme dans Shokuzai ces extraordinaires épisodes lumineux, où la lumière, blanche jusqu’à l’aveuglement, apporte avec subtilité tout ce qu’il faut de fantastique et d’onirisme. Et à l’opposé, j’ai été consternée par la mise en scène des plans tournés dans des voitures en marche, dignes des grandes heures du cinéma des années 1960, avec le décor factice qui défile et les personnages qui dodelinent à outrance (je doute fort que dans les voitures modernes sur le bitume de Tokyo on soit secoué à ce point… ça m’a rappelé les plans de De Funès dans le « Gendarme » lorsqu’il est dans la Dedeuche avec la nonne).
Le dénouement de Real m’a paru intéressant, avec une belle métaphore et une réflexion intéressante sur la culpabilité, l’oubli, la résilience.
La jeune femme qui joue le rôle d’Atsumi, Haruka Ayase, est plutôt convaincante. Par contre Takeru Sato, qui joue Koichi, m’a paru donner un jeu particulièrement forcé et poussif. Les deux sont apparemment très connus au Japon.
Bref, au final, je pense qu’il y avait une belle matière au départ de ce film mais que la réalisation n’a pas été à la hauteur. Kurosawa s’est lancé dans les trucages numériques et la science-fiction alors que je suis convaincue qu’il est capable de faire des choses extraordinaires uniquement avec ses talents en matière de lumière, de photographie, de cadrage et de mise en scène de la tension dramatique.