Pour être tout à fait franc, j'ai rarement vu un film comme Réalité : ici Quentin Dupieux mélange la réalité (la question est après de savoir quelle est cette réalité), le rêve et les films tournés dans le film comme s'il mélangeait un paquet de cartes ! Même la chronologie y passe puisque, vers la fin, on a à faire à un certain nombre de paradoxes ! Le film n'est d'ailleurs pas sans rappeler Inception, notamment lors de la séquence où l'ont voit le personnage d'Alain Chabat, Jason (à la française) endormit à plusieurs moments simultanément, qui donne une réelle impression de profondeur ! J'ai même trouvé qu'il y avait un côté à la série Hannibal lorsqu'on revient sur une scène précédente mais que celle ci se passe dans un lieu différent comme la réunion entre Jason et Bob qui se passe, une première fois, dans le bureau de ce dernier puis, une seconde fois, dans une forêt !
Pour essayer de faire simple, on suit donc Jason qui s'apprête à faire un film de science-fiction ! Mais à côté on suit également un autre directeur qui fait un film sur une petite fille, Reality, ainsi que l'un des patients de la femme de Jason.... qui est l'un des profs de Reality ! En fait, tout est connecté : en voyant ce film, surtout durant la toute dernière partie, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir à faire à une sorte de boucle de l'infini où, encore une fois, les rêves, la réalité et les films s'entremêlent ! Ou, pour dire les choses autrement et les mettre en image, le film est une sorte d'escalier de Penrose : il n'y a pas de début, ni de fin ! Il est très difficile de savoir où se trouve la réalité dans ce bric à brac qu'est ce film ! Réalité m'a d'ailleurs pas mal fait penser à Zoom (pour vous faire une idée, je vous conseille d'aller lire le synopsis) qui n'a, lui aussi, ni queue ni tête, mais, aussi bizarre soit-il, je dis ça dans le bon sens car ces films sont vraiment deux gros délires plutôt bien ficelés !
Bien qu'il met un certain temps à se mettre en place, le concept est donc excellent ! Le spectateur est totalement perdu, cherchant à prendre des repères au moindre détails ! Mais Quentin Dupieux prend un malin plaisir à noyer le poisson, en quelque sorte, et à rendre le puzzle qu'est ce film encore plus complexe !
Pour revenir sur le personnage de Jason, j'ai bien aimé cette sorte de caricature du réalisateur raté, qui croit avoir un scénario de dingue, alors qu'il est d'une simplicité enfantine, qui a ce tic de mettre ses mains comme s'il était en train de filmer ou de repérer un bon plan, ou qui bosse à côté en tant que cameraman d'une émission culinaire assez particulière ! Y a aussi le personnage de Bob, le producteur, qui m'a un peu agacé de par ses côtés lunatiques, qui est emballé par le scènar de Jason pour la simple et bonne raison que les gens y souffrent : après tout le bonheur ça ne fait pas vendre !
Réalité est donc un film pour le moins troublant tant il nous perd mais qui mérite d'être vu au moins une fois, bien qu'un second visionnage ne doit pas être de trop ! 7/10 !