Toujours aucune raison d'aller voir un non-film de Quentin Dupieux
J'avais voulu titrer ma critique "Entre Inception, du Lynch et une bio d'Ed Wood". Mouais, pas convaincu.
Comme toujours, la critique et la notation du dernier Dupieux est un exercice ardu, tant ses films se prêtent à diverses interprétations, ou pas.
J'ai trouvé Réalité à la fois différent et... proche ses dernières réalisations. Enfin, je crois.
La grosse nouveauté pour moi se situe tout d'abord sur le personnage d'Alain Chabat, qui est sans doute le premier héros "normal" du réalisateur, filmé avec beaucoup d'empathie, sans doute parce qu'il est autobiographique !
Un réalisateur qui tente de vendre un projet farfelu à des producteurs, ça sent effectivement le vécu.
Cette mise en abîme permanente sur la création a quelque chose de touchant par rapport à son réalisateur, souvent drôle, et parfois cynique sur tous les intervenants de ce milieu.
Le choc des réalités (ou rêves, je ne sais plus) dans lequel le film nous plonge, me semble être une projection des désirs de chacun, la vision fantasmée de sa vie qui se heurte aux dures contraintes de la réalité.
Quant à la mise en scène, elle est très épurée encore une fois, tout comme l'ambiance sonore.
Cette dernière tient à une seule boucle musicale, qui revient par cycle à chaque nouveau "rêve".
Autant dire que la dessus, Mr Oizo s'est assagi, tant ses précédentes réalisations étaient totalement rythmées par des scores complètement barrés.
Outre un Chabat redevenu drôle, les dialogues absurdes avec le génial Vincent Lambert sont croustillants, et la nouvelle apparition de Eric Wareheim, après Wrong Cops, est toujours aussi impressionnante. Ce dernier officie sur la chaîne américaine Adult Swim, alors faites un tour sur leur youtube, vous comprendrez que ce mec était fait pour bosser dans cet univers là.
Si le film est toujours traversé par des séquences absurdes, l'introduction de l'étrange, du "no reason" est de moins en moins évidente dans chaque plan, car ici tout est présenté comme un rêve éveillé, donc finalement expliqué et justifié (ce n'est qu'un rêve, un rêve est souvent bizarre).
Pourtant, c'est l'inverse qui a toujours été prôné dans les premières mises en scène de Dupieux, à savoir ériger l'étrange, l'incongru comme normalité dans ses films. Opérer un reversement des valeurs, et ainsi bousculer le spectateur sur ses habitudes, brouiller le curseur sur ce qui est normal, ou pas.
Dans Réalité, le glissement vers l'absurde est simplement expliqué par un glissement vers plusieurs rêves du héros, qui s'entrechoquent dans sa tête.
Du coup, l'impact du propos s'en trouve amoindri. Peut-être conscient d'une certaine redondance dans son cinéma, le réalisateur a peut-être tenté cette approche différente, mais au résultat mitigé.
Parfois brillamment dialogué, plus assagi à d'autres moment, moins fou, difficile d'être totalement convaincu pour moi, mais toujours curieux de voir la suite...
Toujours pas envie du dernier Dupieux ?