S'il y a bien une chose que je déteste, c'est me sentir totalement déconnecté d'un film alors que je n'ai pas grand chose à lui reprocher objectivement. Je préfère subir le pire des étrons, le truc innommable à vous faire saigner des yeux, au moins je sais pourquoi je n'aime pas. Alors que j'étais parti confiant en la proposition de Quentin Dupieux, malgré son précédent Wrong Cops qui ne m'avait pas franchement transcendé (mais au moins je savais pourquoi), je me suis retrouvé pendant presque une heure et demie avec une moue perplexe à la place du sourire satisfait.


Contrairement à Wrong Cops, Réalité semble cohérent dans son délire, évite l'assemblage aléatoire de vignettes plus ou moins sympathiques, déroule un semblant d'intrigue et esquisse une réflexion pas inintéressante sur l'art et le cinéma en général. Une mise en abyme loin d'être neuve mais qui s'avère ici plutôt drôle, grâce à la présence toujours appréciable d'Alain Chabat et de Jonathan Lambert, délicieusement ignoble en producteur binoclard.


Sorte de poupée gigogne cinématographique, Réalité entremêle rêve, fantasmes, délires en tous genres, fiction et réalité donc, dans un labyrinthe mental qui n'est pas sans rappeler certaines oeuvres de David Lynch, Satoshi Kon ou encore Mamoru Oshii. Fidèle à son style, Dupieux créer une ambiance particulière, aussi étrange qu'onirique, composant quelques plans d'une réelle beauté et parvenant par micro-instants à m'hypnotiser la rétine.


D'où vient le problème, alors ? Je ne saurais dire. Peut-être de la volonté du cinéaste de rester vaille que vaille dans ce même univers nébuleux, au risque de se répéter et de devenir extrêmement prévisible ? Peut-être de cette impression d'avoir déjà vu la même chose ailleurs ? Ou peut-être simplement de moi, de ma perception, de mes attentes ?


Toujours est-il que je n'ai pas grand chose de concret à reprocher à Réalité et cela m'emmerde profondément, car je reste avec le sentiment d'être resté sur le bord de la route, d'être arrivé en retard à une super fiesta et qu'il ne reste plus qu'un groupe merdique avec trois pécores et deux tondus en guise de public. Pas grave, je tenterai une prochaine fois.

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le 20 janv. 2016

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Gand-Alf

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