Avec Réalité, Quentin Dupieux renoue avec un cinéma un brin plus grand public mais tout aussi borderline, métafilm auto-conscient invoquant le réflexivité dans un mille-feuilles de réalités aussi bordélique à déguster que délicieux en bouche. Ode cocasse à la créativité artistique et l'infini cercle vicieux avec ses financeurs, le film cherche brillamment à brouiller les interprétations et les attentes dans un méli-mélo de mises en abîmes, puzzle fait de réel, de cinéma et de rêve. Puis le réel s'efface pour des rêves de cinéma dans une maîtrise incroyable mais vraie de la narration et du montage, explosion réimbriquée de points de vues multi-diégétiques, le tout bercé par la froideur absurde chère à Dupieux que la présence chaleureuse de Chabat tend à chambrer. Perturbante odyssée de l'obsession, quête du détail tout con faisant chavirer toute relativité artistique, Réalité est un hilarant mind-fuck qui frôle l'onirisme avec cette note hypnotique du Music With Changing Parts de Philip Glass qui tourne encore et encore, la boucle infinie d'une bonne vieille VHS qui roule, se déroule et que l'on rembobine pour enfin retrouver la petite broutille qui hante, fugace assurance dans notre propre réalité.
MaximeMichaut

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