Le meilleur Dupieux, point
Mettant en scène Alain Chabat – qu’on avait pas vu aussi drôle depuis un moment – en tant que cameraman à la recherche du hurlement de douleur parfait pour la production de son film d’horreur, Réalité est un film presque impossible à expliquer de part son approche déconstruite, dans laquelle rêves et cauchemars se mêlent. Mise en abyme du cinéma et du travail de technicien, le film de Quentin Dupieux étonne constamment, réussissant toujours à emmener son spectateur là où il ne l’attend pas, quand les précédentes productions du DJ tendaient parfois à se perdre à mi-parcours (exception faite de Rubber, fascinant). Nous sommes en face aujourd’hui d’un réalisateur accompli, arrivant à rester fidèle à sa démarche créatrice comme il arrive à proposer un film véritablement ludique et drôle à son public. On y distinguera une critique des écrans, tellement nocifs qu’ils vous brûlent le cerveau, ou encore sans cesse cette réalité du cinéma qui vient s’immiscer dans la réalité vraie, à tel point qu’on ne sait même plus faire la différence. Dupieux ici ne fait aucune concession, tout est présenté brut devant nos yeux, ne nous laissant que le choix d’accepter ou non, de réfléchir ou de rester à la surface absurde du propos.
Réalité est un produit pur, qui n’est pas passé à la moulinette du conformisme. Une sorte d’oeuvre hybride géniale où tous les éléments du cinéma sont mis à l’oeuvre pour servir au mieux le propos d’auteur. On avait pas vu une telle liberté créatrice depuis longtemps, et si certains auront du mal à accepter ce film d’une heure et demi sans la moindre apparente logique, les autres y verront un véritable cri d’amour pour le cinéma, d’une clarté effarante sous ce noyau dur d’absurdité. A voir absolument, en somme.