Que l'on soit clair, à la fin de ce film, deux possibilités:
-vous avez complètement décroché et vous sortez de votre séance avec l'impression d'avoir perdu votre temps parce que vous n'avez rien compris.
ou bien
-vous avez le cerveau en compote et vous cherchez désespérément à remettre bout à bout tout ce que vous venez de voir, mais pas forcément avec succès.
Réalité en une phrase, c'est Inception sans les effets spéciaux et en beaucoup, BEAUCOUP plus compliqué. Il ne s'agit pas là d'un système de boite (ou de poupées russes) avec un rêve dans un rêve dans un rêve... Non ici il s'agit d'un homme bloqué dans un cauchemar, qui en a conscience et qui arrive même à exprimer cela aux autres personnages du film, personnages qui ne sont pas dans le cauchemar. Bref c'est la merde.
Tout dans ce film est la pour nous perdre en tant que spectateur: la narration, l'attitude des personnages et même la musique, les cinq premières minutes d'un morceau répétitif de Philip Glass que l'on se coltine pendant tout le film (25 fois d'après Q.D !)
Alors que penser de ce film? Si on pouvait reprocher à Rubber ou Wrong un certains manque de rythme, ce n'est pas le cas ici ni d'ailleurs dans Wrong Cops, son film précédent. Pas ou peu de temps mort, chaque scène sert la narration. Un bon exemple de cela est la scène ou l'on voit Henri, le directeur de l'école de Réalité, rouler pendant 5 bonnes minutes dans une Jeep sans que l'on sache où il va. On apprend au final qu'il s'agissait (selon lui) d'un rêve qu'il racontait à sa psychologue, la femme de Jason, personnage principal. Selon moi, cette scène marque le réel début du cauchemar puisqu'à partir de ce moment, il devient quasi impossible de dissocier le rêve de la réalité, pour peu qu'il y en ai encore une (à part le personnage lui même de Réalité). On apprend par la suite que le rêve de Henri n'en était pas un, et c'est à partir de là que les niveaux d'imbrication des rêves commencent à s'établir.
Les scènes de comédies sont efficaces, notamment celles avec Dennis, véritable tête à claques en puissance. Jonathan Lambert est également très bon dans son rôle. Au final, peu ou pas de scène ou l'on s'ennuie avec en apothéose, celle ou Jason va voir son propre film, pas encore sorti, pas encore tourné.
De mon propre avis, Réalité est avec Wrong Cops, un des meilleurs films de Quentin Dupieux et également un des plus accessibles. De l'humour absurde, du drame et même du gore (oui oui du gore), que demande le peuple !