Attention, ce film rend fou ! Comme à son habitude, Quentin Dupieux part dans de très lointains délires et nous emmène avec lui sur des chemins d'absurdité et de démence. D'une incroyable liberté artistique, ses œuvres son souvent assez désordonnées. Pour ce sixième long-métrage, il semble quand même avoir fait un effort et davantage travaillé son scénario. Moins instinctif mais plus construit, Réalité est sans doute son meilleur film.
Sans en dire trop, il s'agit en fait d'un labyrinthe onirique d'1h30 duquel chaque spectateur va devoir s'extirper en trouvant une sortie, une explication. Un tâche plus que difficile au regard du nombre de personnages déjantés et de situations irrationnelles. La musique redondante de Philip Glass viendra habilement contribuer à cette impression de tourner en rond.
Alain Chabat est assez surprenant dans son rôle de "jeune" réalisateur tourmenté par son premier film. Un film d'horreur dans lequel les téléviseurs du monde entier se mettent à diffuser des ondes destinées à abrutir puis à tuer les téléspectateurs. Un pitch osé qui intéresse Jonathan Lambert, excellent en producteur délicieusement caricatural. Parallèlement on rencontre Kyla Kenedy qui interprète une petite fille intriguée par la découverte d'une VHS dans les entrailles d'un sanglier, mais aussi Jon Heder en présentateur télé obnubilé par un eczéma fictif ou encore Eric Wareheim qui a changé son costume de Wrong Cops de flic ripou trimbalant de l'herbe dans des rats morts pour celui d'un travesti roulant en jeep.
Entre tout ce beau monde, il sera vraiment délicat de trouver des liens et d'en déduire un sens pour le film. Mais c'est là la beauté du travail de Dupieux ! C'est un maître dans l'art de perdre le spectateur, l'homologue français de David Lynch en somme. Si seulement il osait prendre autant de risques au niveau de la réalisation qu'au niveau du scénario, il pourrait créer des chefs-d'oeuvre ...