C'est vrai que la fin est déstabilisante.
D'un côté il y a cet argument que l'auteur a donné après coup : il souhaitait quelque chose de plus réaliste. Tout en restant cohérent. Et c'est vrai que c'est cohérent, le héros n'est pas un tueur malgré son charisme et sa colère, il ne tue jamais, ne fait que désarmer et neutraliser les adversaires, au pire il pète un bras (un peu excessif quand on compare avec ce qu'il fait aux autres). C'est réaliste dans le sens où ça devait bien faire du bruit, il devait bien finir par se passer un truc. Mais est-ce que le reste du film l'est ? Non pas vraiment, quand on voit l'efficacité de cette arme humaine, on joue clairement dans le registre de l'actioner fantaisiste.
D'un autre, il y a la cohérence. Certes, l'auteur est cohérent par rapport au personnage, mais son récit promet constamment un règlement de compte, peut-être parce que c'est le genre qui le veut. Et le spectateur n'obtient pas ce duel final tant attendu. C'est pourtant ce qui fait toute la sauce de ces films d'action. Ce qui frustre donc, à juste titre, le spectateur. Et même si la fin n'est pas nulle, on est un peu déçu, parce que la tension monte, monte, et ça redescend d'un coup, sans donner satisfaction mais vraiment aussi en donnant l'impression que ça sort de nulle part. Nous ne sommes pas vraiment préparés à une résolution de cet acabit.
Le film reste intéressant ; avec le film de guerre de Mel Gibson, c'est un des rares films violents à mettre en avant un héros pacifiste qui s'y tient, qui ne craque pas, qui se contente de neutraliser, ne cherche jamais à tuer.
La mise en scène est plutôt bien pensée, avec de très bons moments dignes d'un actioner. Le casting est très bon, tout le monde semble à l'aise dans son rôle. Le montage est fluide, cohérent. Les décors sont bien choisis et bien exploités.
Bref, la fin peut surprendre et décevoir mais ce Rebel Ridge reste globalement un bon p'tit film d'action.