Ballaguero est un réalisateur que j'apprécie, malgré le fait qu'il soit sur une pente descendante, si l'on regarde sa filmographie dans son ensemble. La Secte Sans Nom reste d'assez loin son meilleur film, talonné de peu par Darkness deux films qui dans leur genre rappellent que la peur n'est pas l'apanage des japonais, et que l'Espagne a non seulement une longue tradition du film fantastique, genre qu'ils respectent de façon parfois candide (comparer les insultantes turpitudes de l'américain Al Adamson dans le domaine de la série B et la frénésie habitée, la touchante sincérité, la beauté des films mettant en scène Paul Naschy). Le fantastique, l'horreur ibérique a quelque chose qu'on ne retrouve pas ailleurs.
Mais revenons en à Ballaguero, ou plus précisément à [REC]2 (je ne trouve pas la touche "exposant").
Le premier était une prise de risque assumée, le risque de se vautrer dans la facilité, le regain d'intérêt post Blair Witch pour les films "caméra sur épaule", autant d'échecs cuisants, d'étrons cinématographiques qui agacent, et inspirent désormais une agressive méfiance, tout à fait justifiée la plupart du temps (réalisateurs en mal d'inspiration, n'en jetez plus, allez regarder Cannibal Hollocaust, histoire de comprendre la vraie puissance de l'utilisation de la caméra subjective et du vrai/faux documentaire, mais plus de Paranormal Activity et consorts s'il vous plait!!).
Mais le premier [Rec] s'en tire avec les honneurs, des personnages pas trop agaçants, une réalisation nerveuse, des effets réussis, un final digne de ce nom, qui colore le film d'une patine satanico fantastique, offre une relecture qui s'échappe des poncifs pseudo scientifiques (virus, expérience militaire...etc) pour se rattacher à la vision Fulcienne du zombie. Bref, plutôt bon.
Si la plupart considèrent ce second volet comme un peu moins bon, je n'en fais pas partie. Car ce qui faisait la force du final du premier est exploité sans vergogne et on bascule vraiment dans la possession démoniaque, avec des séquences effrayantes d'une efficacité louable, certaines idées particulièrement bonne (la prison de ténèbres, bien qu'un brin mal exploitée dans les faits, est une de ces idées qui hantent une fois la lumière éteinte dans votre chambre le soir), et sans jouer de pudeur, ni insister sur les poncifs "je vomis de la purée et insulte en latin ta mère avec une grosse voix" ; ils sont là, font partie du cahier des charges d'un film de possession, mais le film repose sur d'autres procédés autrement plus intéressants et effrayants.
Il est loin d'être dénué de maladresses, certaines scènes confinent au ridicule (le coup du test du sang, notamment, et le coté "c'est foutu mais on continue la mission"), mais dans l'ensemble, ce huis clos réussit à nous enfermer plus avant dans des espaces confinés, à communiquer un sentiment d'urgence, de désespoir cauchemardesque, tout en gérant avec une certaine originalité la notion de possession, en l'utilisant d'une façon spécifique.
Donc si les deux films se retrouvent avec la même note, c'est parce qu'il n'y a pas de demi points, mais celui ci aurait un petit "plus" à coté de ses sept étoiles.