House of the Dead : Return to Barcelona
Après l'immersion assez réussie du premier volet, le duo Plaza-Balaguero rempile pour une suite aux évènements de cet immeuble mis en quarantaine qui laisse des interrogations à la fin en suspens de [REC] : mais que fait la police ?
La réponse est donnée d'emblée lorsqu'une équipe composée de trois soldats du GEO (les forces spéciales d'intervention ibériques), un caméraman et un délégué du ministère de la Santé espagnol sont filmés devant le bâtiment grouillant de contaminés. Leur entrée s'effectue plus rapidement que durant [REC], signalant un passage à l'action imminent.
Le groupe d'intervention se rend sans attendre au dernier étage pour retrouver un possible élément d'antidote contre le virus de la "rage". Les cadavres des infectés du premier film ont disparu, laissant derrière eux des mares de sang.
La panique s'insère peu à peu dans l'esprit des personnages, découvrant qu'ils ne sont pas seuls dans cet immeuble. Ainsi peut-on assister à un mode "double-caméra" où, grâce aux casques high-tech des soldats, les visions à la première personne alternent lorsque le caméraman active le mode.
Un effet plutôt convaincant et efficace : l'immersion est préservée sans avoir recours à des positions de tournage invraisemblables (notons le vicieux clin d'oeil au remake américain, Quarantine, lors de la scène du sniper où le caméraman, ici, ne zoome pas sur le tireur mais se met à couvert).
Cependant, le film est mis à mal par plusieurs facteurs. En premier lieu, les changements de caméra au cours du film, de celle des forces d'intervention au caméscope amateur puis de nouveau à un appareil plus professionnel. Cela a forcé, au milieu du film, à supporter trois adolescents idiots qui n'apportent aucun intérêt au scénario, si ce n'est de la chair fraîche. Ce qui amène au deuxième point : les acteurs. Bien que l'angoisse se manifeste notamment par la perte de contrôle de soi, les beuglements incessants tendent vers une situation cocasse plutôt qu'effrayante. Chacun tente de raisonner l'autre en lui hurlant dessus, à croire qu'ils ont passé leur jeunesse dans le régiment du sergent Hartman !
Enfin, le script. Visant à apporter une justification au virus, le spectateur se retrouve emporté dans des théories d'au-delà du réel par des retournements de situation tout à fait dignes d'un épisode de Amour, Gloire et Beauté. Lorsque cette affaire de "gamine possédée" est prise au pied de la lettre par les réalisateurs eux-mêmes, le film perd en crédibilité. Cette histoire se retrouve forcée durant tout le long métrage, des rites religieux de protection par la voix démoniaque possédant les infectés, un mélange qui n'a pas réussi à un autre récent titre du genre, "Le dernier exorcisme". Et si ce "virus" était réellement une maladie rare qui ressemblait à une incarnation démoniaque (sans avoir recours au jeu de l'Exorciste) ? Et si le Vatican avait pris ça trop au sérieux ? Et si, tout simplement, il s'agissait d'une séquestration malsaine d'une petite fille par un savant fou (à voir les "expériences" qui figurent dans [REC]², l'interrogation mérite d'être posée) ? Le dernier tiers du film est juste désopilant grâce à la vision nocturne de la caméra, sensée éclairer ce que la lumière elle-même ne peut montrer.
Bien que l'adrénaline et la technique de tournage restent pertinents, [REC]² souffre de raccourcis de scénario faciles et de seconds rôles ridicules.
Un film popcorn qui manque clairement de saveur.