Le premier REC avait été vu par beaucoup comme le renouveau du DV-movie, et il faut bien admettre que les espagnols venaient faire table d’un rase d’un genre qui tournait en boucle, voire même deux, puisque le zombie-movie s’essoufflait lui-aussi. Puis le second fut celui qui divisa le plus le public, trop de bondieuseries ayant rendu la pellicule involontairement ridicule et décrédibilisant ce qui se voulait être une saga sérieuse.
Cette fois-ci le réalisateur Paco Plaza a décidé de prendre lui-même les rennes du grotesque et de l’user jusqu’au paroxysme, non seulement pour s’assurer que l’on rit volontairement du film et non pas à ses dépends. Plaza va même jusqu’à se resservir à fond de ce qui avait coulé le navire, et ici toutes les allusions à la chrétienté sont autant de bonnes raisons pour provoquer le fou rire. Le héros qui prend l’armure de Saint George, suivi de son ami en cotte de mailles, le curé qui récite des psaumes qui paralysent les zombies, des situations burlesques enchaînées bout à bout, en plus d’une effarante stupidité des protagonistes, un mix aussi inattendu qu’il fait mouche tout en donnant une nouvelle direction à la saga. Pour faire simple on avait pas vu ça depuis le troisième opus de l’Evil Dead de Sam Raimi, à cela près que Plaza a conservé le gore, contrairement à son homologue américain. Ça saigne bien, certes pas autant que dans un Braindead, mais il y a suffisamment d’instants dégoulinants pour combler les amateurs et rester dans les esprits. La connerie globale n’est elle non plus pas aussi poussée qu’avec un Bad Taste, mais débilité et hémoglobine font bon ménage dans ce délire visuel qui rappelle avec joie les deux hurluberlus du genre que son nos amis Raimi et Jackson, avant qu’ils se prennent dans leur toile ou se perdent dans le Mordor.
L’abandon du style DV est également de mise, et c’est plutôt une bonne nouvelle, puisqu’il s’était déjà rendu obsolète avec le second, et même mieux, le réalisateur profite des 20 premières minutes d’introduction pour le tourner lui-aussi en dérision, tournant dans ce format, pour mieux s’en débarrasser ensuite.
En somme ce Rec 3 est la plus intelligente des bifurcations que l’on aurait pu imaginer pour la saga, la torpillant autant qu’elle la ramène à la surface pour mieux lui donner un second souffle. Même le final pseudo-dramatique vient porter le burlesque à bout de bras pour repousser les limites de l’hilarité, contrairement à Evil Dead 3 ou Braindead qui se contentaient d’happy ends Hollywoodiens un peu mielleux.
Il va également de soi que ce revirement déstabilisera ceux qui s’attendaient à quelque chose dans la veine des deux premiers opus, mais soit, la production conservera les fans de la vieille école et se mettra à dos les amateurs de farces continuelles (qui a dit Paranormal Activity ?), mais est-ce vraiment un problème ? Pas vraiment…
Le quatrième opus, Apocalypse, ayant été annoncé, on se demande si la nouvelle direction sera toujours suivie, en tout cas espérons-le, car il serait dommage de lâcher le bon bout une fois qu’on le tient.