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4.7
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Film de David Casademunt (2021)

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Un film bancal bien sauvé par ses interprètes !

Tout d'abord, le jeune et novice acteur Asier Flores est juste bouleversant. Il y a notamment une scène que je garderai en mémoire et montre toute son implication; il est bouleversant de sincérité et d'authenticité quand rien autour ne l'aide vraiment. Chapeau. Et les autres ne sont pas en reste et permettent de ne pas décrocher de ce quasi huis clos maladroit qui n'a pas su choisir son genre s'encombrant au passage d'un titre bien énigmatique.
En comparaison, le film mexicain VUELVEN d'Issa lopez ( son seul bon film ) a su parfaitement jongler avec les deux genres: drame, et fantastique. Mais c'est une rareté; soyons honnêtes, et peu l'ont vu par ailleurs. THE EMPTY MAN que j'ai récemment ardemment défendu contre tous est bien plus ténu,et efficace. Bref !
Alors, plutôt drame, ou plutôt fantastique ? Plutôt drame historique, au départ ! Le film est pesant et dérangeant grâce au jeu ( très court hélas ) ambigu de Roberto Alamo, bien secondé par Inma Cuesta et Asier Florès. Le trio est fonctionne parfaitement, et la mise en scène est soignée.
La première demi-heure est plutôt bonne. Mais dès que le fantastique commence à vouloir prendre le dessus, le film agace, ennuie. Déjà vu, et plus encore, pas grand chose à se mettre sous la dent.
Côté restitution historique, il n'y a quasiment rien dans cette LAND quasi lunaire et le mobilier hyper minimaliste est en plus très souvent dans l'ombre. Pour le coup, on voit bien la pauvreté. Pauvres lapinous. Si la tension est parfois très bonne, on voit bien que le réalisateur cherche en vain le "jump scare" autant que la résolution sans jamais vraiment trouver ni l'un, ni l'autre, se refusant à vouloir explorer davantage la noirceur de ses personnages comme par crainte de se gaufrer et se contentant de trouver une raison facile, une créature maléfique (encore ! ) pour régler l'affaire. L'affiche est ratée, d'ailleurs. Elle ne reflète en rien la réalité du film et montre justement son mauvais visage. La proximité de l'ennemi sans trop la définir était un excellent point de départ, restait à savoir QUI serait l'ennemi. Et là, le film se perd. Il pioche, il va pomper. S'essaie à du mauvais Guillermo Del Toro, frisant le ridicule sur la fin, et ça ne marche pas du tout.
Si "El Paramo" laisse une sensation de gâchis, et de mauvais choix scénaristique, on retrouve cependant cette bonne pâte espagnole bien singulière dans la photo, les lumières, une certaine lenteur; ici dans une première partie tout à fait justifiée, et une interprétation souvent très juste.
Ici encore, elle est inespérée d'où mon 6. Même la courte apparition de Roberto Alamo ( encore un choix très discutable que de le faire disparaître comme ça, arghhh ! ) est d'une grande justesse et sème un trouble; trouble qui aurait pu faire glisser le film plus vers un drame bizarre psychologique plutôt qu'un énième film à effets fantastiques à la Guillermo Del Toro.
Narciso Ibanez Serrador était le maître du genre en Espagne. Et peu arrivent vraiment à convaincre, aujourd'hui, très souvent à cause de carences scénaristiques.
L'énigmatique "El paramo" n'y échappera pas. Dommage ! Inma Cuesta que je ne connaissais pas avec son faciès et sa voix à la Penelope Cruz est très inspirée, et touchante, son fils, je me répète, propose une sacrée palette d'émotions bien "ajustées" par une mise en scène pour le moins respectueuse, élégante, soignée. Et pour un drame intimiste sur fond de guerre, le film sonne juste. La photo est belle, la Land est triste, les "clair obscur" et les décors minimalistes s'accordent bien avec l'ensemble; la tension distillée au départ est bonne, et parfois oppressante. Quand l'ennemi est invisible, ça marche; Si le film avait suivi cette voie, il aurait peut-être été plus réussi, que sais-je. Il y a pourtant d'excellentes scènes ( l'idée des latrines notamment. )
Hélas, la bascule même pas horrifique est mauvaise, et la chute, n'en parlons pas. Dommage encore, car les toutes dernières minutes reviennent à la qualité du début, grâce une nouvelle fois à Asier Flores, mais c'est trop tard, on a perdu le fil à cause d'une vilaine créature maléfique inoffensive et risible.

UgoLemasson
6
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le 7 janv. 2022

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