Une étonnante immersion, dans un monde étrange et peuplé d’enfants, que l’on appelle “la cour”.

Claire Simon (Le Concours - 2017) a posé sa caméra dans la cour d’une école maternelle. Sans la moindre intervention extérieure, elle a filmé plusieurs récréations où les enfants finissent par ne plus prêter attention à la caméra.

On découvre alors une sorte de petit pays (à taille d’enfant), régi uniquement par des bambins. La loi et l’ordre c’est eux et on va rapidement le comprendre pendant les 55min que dure le film. La caméra s’immisce au plus près des enfants, filant toujours à leur hauteur (d’ailleurs, nous ne verrons presque jamais les adultes ou alors à hauteur d’enfant et ils ne prendront jamais la parole).

Dans cette cour d’école, on joue au coiffeur comme on joue à la prison, à celui du crachat ou de celui qui sera le plus fort, on collectionne "les bâtons" (des branches d'arbres) que l’on se chipe entre enfants, ce qui donne lieu à des crises de colère ou parfois des pleurs. On se chamaille, on se bagarre, on hurle, on pleure, … la cour de récréation n’est jamais un long fleuve tranquille.

« On arrêtera quand tu pleureras. »

Le film met en lumière tout ce dont on a oublié, car oui, à leur âge, on réagissait de la même manière lorsque nous étions en récréation, nous n’étions pas vraiment tendre avec certains, on manquait de patience, on tapait pour un rien, on boudait ou on faisait des colères. Sans jamais intervenir (même lors de certaines bagarres ou d’enfants en pleurs), la réalisatrice nous montre de quelle manière des attitudes de dominations prennent forme avec l'effet de groupe.

Ce qui est parfois déstabilisant, pour ne pas dire choquant, c’est de constater que les enfants semblent n'être jamais sous surveillance, personne n'intervient pour les calmer, les apaiser ou les séparer lors d’une bagarre. Cette cour (comme toute les autres) devient alors plus seulement un exutoire où l’on se défoule avant de rentrer en classe, mais aussi (et surtout) un véritable lieu d’apprentissage à la vie sociale, car la vie n’est pas toujours rose, elle n’est pas toujours tendre et il faut savoir l’accepter et surtout, savoir y faire face.

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