Un film dont le mot d'ordre pourrait être "minimaliste".
Andrea Arnold signe pour son premier film une œuvre épurée au maximum à l'image de son personnage principal. Le point de départ de cette fiction, cette femme, cette coquille vide qui tire ses sourires uniquement de ce que peuvent lui offrir les images de son travail dans une société de surveillance vidéo. Cachée derrière ces écrans, visiblement brisée et en retrait de ce monde qu'elle observe, ce train-train macabre va être bouleversé par une personne qu'elle semble connaître. Un secret que la réalisatrice protège avec une certaine pudeur, la pudeur de quelque chose que l'on devine grave et marquant. Et c'est au scénario et à l'interprétation de l'actrice principale que va cette note. Un scénario de thriller dans un récit qui prend son temps avant de nous éclairer. Une actrice envoutante dans ce qu'elle cache de plus triste. Il est difficile d'en dire plus sans révéler ce secret qu'elle porte lourdement et ainsi perdre tout l'intérêt du film.
Un film triste et poignant, glacé et presque figé comme si la vie de cette femme (déjà entre parenthèse) se mettait en pause dans la poursuite de cet homme.
Red Road interroge, surprend et nous perd même un peu au final par les choix de cette femme. Andrea Arnold aurait pu se contenter de jouer sur notre désir d'éclaircir le mystère en délaissant l'essence de son film, son atmosphère. Il n'en est rien. Dès les premières minutes, cette ambiance de tristesse latente nous portera jusqu'à la fin. Bravo.