Ce thriller décalé confirmait le talent de John Dahl après l'excellent Kill me again ; spécialiste des retournements inattendus et des ambiances électriques, il reprend ici tous les ingrédients du film noir pour mieux les détourner avec humour et en jouant avec délectation de ses archétypes, en multipliant les clins d'oeil cinéphiliques. De quiproquos en fausses pistes, de double jeux en fulgurances, cette intrigue nébuleuse peut rappeler d'autres films néo-noirs comme Sang pour sang, film moins connu des frères Coen, ou même son précédent film Kill me again dont la construction était plus habile, mais Dahl signe toutefois une oeuvre personnelle et originale, notamment par l'ambiance qu'il imprime, celle d'un petit patelin paumé de l'Ouest des Etats-Unis, du genre de ceux de l'Arizona ou du Texas... il filme donc des gros plans de routes poussiéreuses, de petits bars miteux pleins de soiffards et d'éoliennes qui grincent...une mise en scène un peu racoleuse et cliché mais qui fait toujours son effet et qui donne un style. En plus, l'interprétation est au diapason autour de Nick Cage dans un rôle de loser malchanceux (à une époque où il ne tournait que des bons films), tels Lara Flynn Boyle en garce fatale, J.T. Walsh dans le rôle du mari qui veut se débarrasser de sa femme, Timothy Carhart en sheriff bouseux, et surtout Dennis Hopper, habitué des rôles d'allumés à cette époque, qui s'autoparodie en tueur à gages fou furieux. Un bon polar vénéneux et captivant.