La taille ceinte d'un donut géant et rose, un homme nu parade sur l'affiche de Red Rocket. Singulière vision qui encapsule d'assez juste manière le ton sarcastique d'un film racontant le retour piteux au pays d'une star déchue de l'industrie pornographique. Manifestement, sa présence est incongrue dans le paysage désolé d'un coin du Texas, alors que Trump va bientôt accéder à la présidence. Le film joue évidemment sur le contraste entre cet environnement où la population survit dans la précarité et la personnalité flamboyante mais surtout narcissique et manipulatrice de son héros, aussi ridicule que toxique. Les mésaventures de l'ancien étalon sont traitées avec une ironie dévastatrice, nourrie de dialogues sans filtre et de situations délirantes, quoique certaines flirtent dangereusement avec le scabreux. Mais à l'image de son personnage principal, le film ose le mauvais goût avec un aplomb certain, comme pour faire la nique à l'Amérique puritaine sans oublier de s'en prendre, mais c'est une constante du cinéma indépendant, au fameux rêve américain, désormais bien étiolé. Par la grâce d'un montage véloce (qui peut bien trouver le film trop long ?), le rythme effréné ne laisse guère le temps de souffler et, en définitive, le côté pathétique de la vie des protagonistes de Red Rocket, loin d'être édulcorée, en acquiert une vérité grandissante, accentuée par le jeu naturalistes de comédiens à l'authenticité indéniable. Le dénommé Simon Rex, lui-même ancien acteur de porno gay, est sidérant dans le rôle principal, celui d'un individu peu recommandable qu'il parvient à rendre attachant. Même sans squatter les trous des donuts.

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le 2 janv. 2022

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