Som est une jeune fille timide un peu perdue dont la mère se prostitue pour payer sa scoralité ; elle vit mal cette précarité, mais rencontre un jour la belle Peach qui la prend sous son aile. Ter est jeune homme aux tendances violentes qui se cherche et est tiraillé entre son amour pour sa petite amie Mind et la jalousie de la voir se prostituer.
RedLife a de singulier son cadre novateur car il est un des premiers à montrer la sombre réalité des ghettos bangkokiens, ce qui pourrait sembler surprenant étant donné que ce cadre est celui de nombreux habitants de la capitale thaïlandaise. Cette démarche est d'autant plus à saluer que le réalisateur Ekalak Klunson, dont c'est le premier long-métrage, attache une importance particulière à en montrer les habitants avec un réalisme inhabituelle dans les productions thaïlandaises, en dehors de quelques documentaires et docu-fictions. Klunson s'étant fait un nom dans la publicitité, il injecte son savoir-faire dans ce film pour lui offrir un cachet moderne et attractif afin d'attirer la jeunesse thaïlandaise aux questions sociales qu'il aborde. Et ça fonctionne beaucoup dans ses premiers deux tiers, suffisamment pour qu'on en vienne à espérer d'y voir ici l'émergence d'un mouvement plus social et réaliste dans le cinéma thaïlandais.
On retiendra surtout la réalisation sensible qui nous offre de très beaux plans et la direction d'acteur qui pousse les interprètes vers une performance plus retenue et sincère, qui dénote avec le jeu souvent très poussé et exagéré des acteurs thaï (pas forcément un problème quand ça sert le propos du film, mais il faut parfois s'accrocher pour en apprécier le style). La justesse du ton du film est ici la vraie surprise, et certains personnages sont extrêmement touchants, y compris les personnages plus secondaires, comme cet ancien drag queen, dont les quelques scènes offrent de jolis moments de poésie.
On notera néanmoins que si l'esquisse d'un cinéma social thaïlandais tourné vers la jeunesse est à applaudir, le propos du film reste encore relativement fade si on prend pour référence les standards du cinéma européen ou américain. De plus, le film n'est pas exempt de ressorts dramatiques un peu excessifs qui alourdissent une histoire qui se cherche un peu et malheureusement peine à se trouver, y compris dans sa conclusion. On préfère donc retenir cette Bangkok qui est filmée ici comme rarement auparavant, et les personnages touchants, imparfaits et donc vrais, qui l'habitent.