Un Reeker sinon rien
La page Allociné du film nous offre cette intéressante anecdote :« Le réalisateur Dave Payne constate que les films d'horreur qui envahissent nos écrans se distinguent en deux catégories : "On a...
le 17 août 2023
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La page Allociné du film nous offre cette intéressante anecdote :
« Le réalisateur Dave Payne constate que les films d'horreur qui envahissent nos écrans se distinguent en deux catégories : "On a droit à des films de studio hyperléchés, trop sérieux, orientés vers les plus de 13 ans, ou à des produits de série Z, destinés au câble ou au marché-poubelle de la vidéo. Il n'y a quasiment plus rien entre ces deux extrêmes".
Avec Reeker, il a donc tenté "de flanquer la trouille aux spectateurs, de les faire rire, de leur raconter une histoire assez substantielle pour qu'ils aient quelque chose à se mettre sous la dent, mais assez légère pour qu'elle ne leur reste pas sur l'estomac". »
Est-ce que l’intention de Dave Payne est pleinement accomplie ? Pas vraiment, mais les intentions sont visibles. Reeker, son petit bébé qu’il a produit, scénarisé, réalisé et dont il a composé la bande-son possède un certain nombre de qualités, bien suffisantes pour en apprécier le visionnage.
Très clairement, Reeker ne brille pas par l’originalité de son script, dont la retranscription rappelle bien d’autres camarades. Avec ses 5 étudiants partis ensemble en voiture pour assister à une fête qui se retrouvent bloqués dans un lieu évidemment inquiétant, l’Oscar du scénario original est bien loin.
Pour autant, sur cette base classique mais facilement accessible par tous, le film exploite assez bien les codes qu’il reprend. Ces étudiants ne sont parfois pas loin de la caricature, tel l’amateur de drogues qui fait le pitre, mais pour autant se révèlent malgré tout assez attachants. Leur nombre réduit permet de développer leurs interactions ou d’en apprendre un peu plus sur eux par petites touches.
Les comédiens, dont la plupart viennent de la télévision ou auront par la suite une carrière dans le petit écran, ne semblent pas tous investis, mais leurs réactions sont pourtant assez crédibles, sans virer dans le grotesque de certains films. Dave Payne semble leur demander un jeu naturel, sans excès, mais certains n’ont malheureusement pas le charisme pour. Michael Ironside, la pointure du film, offre une telle prestation transparente qu’il vaut mieux oublier ses quelques scènes.
En fermant les yeux de façon complaisante sur quelques jeux d’acteurs trop quelconques, ou en attendant leurs trépas, il est toutefois possible d’apprécier le film notamment pour ses qualités horrifiques. Reeker a beau offrir un croquemitaine à l’allure surprenante, il le garde longuement caché. Le film prend place dans un de ces motels et station-service de désert américain, qui semble abandonné apparemment depuis peu. L’environnement ne reste guère reluisant, et outre la médiocrité du lieu, il semble planer sur le lieu une atmosphère étrange, avec quelques apparitions d’écorchés vivants et apeurés.
Le mystère est bien entretenu, et quelques scènes perturbent l’analyse, entre séquences horrifiques concrètes (le trépas dans les toilettes, mon préféré) et ces apparitions fantasmagoriques, mais aussi quelques indices, à l’image des conversations radio ou de l’arrivée de deux personnages extérieurs. Vaguement pressenti comme un slasher voire surnaturel, la révélation qui sous-tend le film est assez audacieuse, rappelant l’excellent Campfire Tales. L’ultime scène ajoutée après est par contre de trop, trop guimauve après le choc de ce qui a été découvert.
En plus de bien doser les moments d’angoisse de son film, Dave Payne utilise un moyen assez original de faire pressentir la menace de son tueur psychopathe, en l’accompagnant d’une odeur pestilentielle. Le spectateur comprendra bien vite que les hauts-le-coeur des personnages et leurs toussotements signifient l’arrivée de la menace, sans pour autant clairement annoncer qu’elle va s’abattre sur eux.
Ce premier signal s’accompagne malheureusement d’un autre qui est visuel, avec des nappes de gaz où l’image est tordue. Non seulement ce n’était pas nécessaire, mais c’est aussi mal fait, à l’image de certains effets visuels numériques rares mais un peu trop artificiels. Si les décors des lieux sont tout de même crasseux et inquiétants, on décèle parfois les limites du budget, à l’image de ces toiles d’araignées qui n’ont rien de naturelles. Reeker reste cette petite production, un peu maladroite, mais malgré tout mise en scène et filmée avec une certaine attention à proposer une atmosphère angoissante.
La créature de Dave Payne se révèle donc une bonne petite surprise, parfois mal assurée sur certains points mais qui offre une histoire intéressante à suivre et un climat inquiétant assez bien entretenu, récompensé par son twist final. Il y a une telle envie de bien faire, malgré le budget, malgré certains comédiens, malgré d’autres difficultés, que ce n’est pas si grave si le film ne révolutionne rien, car il ne cherche probablement pas à le faire, mais ce qu’il offre est consistant et satisfaisant.
Le film aura droit à sa suite, préquelle de celui-ci, avec toujours Dave Payne aux commandes : No Man's Land: The Rise of Reeke, sorti en 2008.
Créée
le 17 août 2023
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